Incertitude économique et comportements familiaux pendant la pandémie de COVID-19

Caractéristiques

Responsable scientifique A. Pailhé
Organisme de rattachement Institut national d’études démographiques (INED)
Laboratoire / Lieu Aubervilliers
Année de dépôt 2021
Type de projet Données uniquement

Contexte

Un an après le début de l’épidémie de la Covid-19, un baby crash semble se dessiner en Europe. Ainsi neuf mois après le début de la pandémie, la natalité était inférieure de 8 % en décembre 2020 par rapport au même mois l’année précédente. En France, la baisse du niveau des naissances sur la même période a été de 7 %. La baisse s’est encore accentuée en janvier 2021, avec -13 % de naissances par rapport à janvier 2020. L’incertitude liée à la crise du Covid-19, tant sanitaire qu’économique, pourrait expliquer en grande partie cette baisse, l’incertitude étant un déterminant majeur de la fécondité. Il existe moins de données concernant les séparations, et les résultats sont contrastés. Des premiers chiffres ont montré une recrudescence des divorces dans la ville de Wuhan après le confinement. Mais en Europe des recherches quantitatives ne révèlent pas de progression des divorces. Les mécanismes en jeu sont plus variés concernant les séparations. D’un côté l’incertitude peut générer stress et tensions qui peuvent peser sur la relation conjugale. Le confinement a aussi provoqué une surcharge de travail domestique et parental, souvent portée par les femmes, qui ont pu accroître les tensions. D’un autre côté, vivre en couple est un moyen de limiter les incertitudes et de faire face à un environnement incertain, ce qui peut renforcer la cohésion du couple. La capacité à faire face à l’incertitude dépend beaucoup des ressources socio-économiques individuelles. Le vécu de la pandémie a fortement varié selon les catégories sociales, les niveaux de revenu, le diplôme, les relations sociales, ce qui a pu jouer sur la façon dont les individus ont géré l’incertitude, et donc in fine sur les relations familiales.

Objectifs

Ce projet vise à étudier l’effet du vécu de l’incertitude économique sur les comportements familiaux (qualité de la relation conjugale, risque de séparation, réalisation des intentions de fécondité) selon les propriétés sociales. Un premier axe du projet vie à décrire l’évolution du contexte d’incertitude économique et du travail en contexte pandémique. Un deuxième axe vise à étudier l’évolution de la relation conjugale et les séparations au fil de la pandémie, selon les contraintes professionnelles, l’organisation domestique et les caractéristiques sociales. Un troisième axe vise à étudier les effets de l’incertitude sur les naissances.

Méthodes

Pour le premier axe, les données de la cohorte Constances avant, pendant (SAPRIS), et après la pandémie seront mobilisées. Cet axe est principalement descriptif. Pour le deuxième axes sr les séparations, le questionnaire de suivi de la cohorte qui renseigne sur les différents événements de vie sera utilisé. Pour le troisième axe, les informations sur les naissances peuvent être identifiées grâce au suivi des cohortes ; celles sur les intentions de fécondité proviennent du questionnaire d’inclusion de la cohorte Constances. Des modèles de probabilité linéaire seront estimés pour étudier dans quelle mesure les intentions de fécondité sont réalisés après la pandémie. On pourra comparer avec des vagues précédentes pour identifier un effet propre de la pandémie, selon les groupes sociaux.

Perspectives

Ce projet fera un état des lieux de l’évolution du sentiment d’incertitude au cours de la première année de la pandémie et de son effet potentiel sur les comportements démographiques. Il permettra de tester si l’incertitude, qui est historiquement un déterminant majeur de la fécondité, a contribué à faire baisser la natalité pendant la crise sanitaire. Notre perspective est nouvelle parce que nous tenons compte des intentions de fécondité, ce qui nous donnera un aperçu complet sur les changements dans les comportements de fécondité après le début de la pandémie. Ce projet fournira des données inédites sur les effets de la crise pour les couples, et les mécanismes en jeu. Les résultats seront importants pour améliorer notre connaissance sur la façon dont les individus réagissent face aux moments de crise. Dans une perspective de politique publique, il permettra de comprendre en quoi les mécanismes de protection mis en place au cours de la pandémie ont permis ou non de prévenir des ruptures, qui elles-mêmes peuvent être génératrices d’incertitudes et de précarité. 

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