Calendriers professionnels : plus de 300 000 épisodes codés

Depuis mars 2016, un travail de fourmi se déroule à Angers : le codage des métiers exercés par TOUS les volontaires de Constances au cours de leur vie. L’enjeu en vaut la chandelle. Il sera ensuite possible de relier des parcours professionnels à des expositions cumulées à des nuisances chimiques, à des contraintes biomécaniques, au stress…

Quatre personnes s’y consacrent à temps plein à Angers, dans l’équipe d’Épidémiologie en santé au travail et ergonomie (Ester), partenaire de Constances. Elles codent manuellement tous les épisodes professionnels des volontaires de la cohorte. Objectif : relier TOUS les métiers exercés et précisés par les volontaires dans le questionnaire « calendrier professionnel » à un secteur d’activité (code NAF 2008) et une profession (code PCS 2003). Un travail de fourmi supervisé par des experts de deux équipes Inserm (UMS11 et Ester) et de la Direction Santé travail (DST) de Santé publique France.

305 149 épisodes professionnels appartenant à 96 201 volontaires codés fin septembre 2018

Au final, la base de données de Constances comportera environ 185 000 parcours professionnels et un total de plus de 600 000 épisodes professionnels. « Constances sera la meilleure base de données au monde sur le sujet » indique Marcel Goldberg, un des responsables scientifiques de Constances.

Parmi les 48 817 premiers participants qui travaillaient au moment de leur inclusion dans la cohorte Constances et dont le calendrier professionnel est déjà codé, les professions intermédiaires administratives et commerciales des entreprises sont les plus fréquentes (10,5 % chez les femmes et 7 % chez les hommes). Les employés et ouvriers sont également bien représentés dans la cohorte (8,8 % — femmes et hommes confondus). Les professions intermédiaires de la santé et du travail social (infirmières, masseuses-kinésithérapeutes, assistantes de service social…) sont les métiers les plus exercés par les femmes : 12,4 % des femmes actives travaillent dans cette catégorie socio-professionnelle. Chez les hommes actifs, la catégorie socio-professionnelle la plus représentée est celle des ingénieurs et cadres techniques : 13,4 % des hommes actifs ont ainsi des postes de directeur technique ou d’ingénieur dans les secteurs de l’agriculture, du bâtiment, de l’électricité…

Relier des parcours professionnels à des expositions cumulées

Grâce à ce codage et à l’utilisation de matrices emplois-expositions (bases de données associant des professions à des expositions professionnelles), il sera ensuite possible de déterminer les expositions cumulées dans le temps des volontaires à des nuisances (chimiques, biologiques,… ), à des contraintes biomécaniques (travail dos courbé, port de charges… ), au stress, au bruit… et de les relier, ou non, à des maladies. Un réseau associant le consortium européen OMEGA-NET et des chercheurs de Montréal (Canada) et Saint- Louis (Etats-Unis) travaille actuellement à harmoniser des matrices développées dans plusieurs pays, ce qui permettra de les utiliser dans le cadre de Constances.

« Les risques professionnels sont un déterminant important de la santé, mais ils sont souvent sous-estimés. Connaître toute la carrière est indispensable car les effets sur la santé sont très souvent liés à un cumul d’expositions. Prenons l’amiante, une exposition durant des dizaines d’années à de faibles doses risque d’avoir plus d’impact qu’une exposition ponctuelle à une forte concentration » explique Marcel Goldberg.

Signe de l’intérêt de cette thématique, le Club des utilisateurs des données de Constances dédié au champ santé-travail est le plus actif. Une trentaine de chercheurs se réunissent régulièrement pour mutualiser leurs efforts. « Nous y discutons d’études très diverses concernant les liens entre santé et travail, portant par exemple sur les effets des conditions de travail sur l’asthme, les cancers, la santé mentale, les conduites addictives, les risques cardiovasculaires, mais aussi les problématiques de maintien en emploi ou de prévention des risques professionnels » indique Yves Roquelaure, professeur de médecine et santé au travail à l’Université d’Angers et coordonnateur de ce Club des utilisateurs.

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