Cancer du sein et santé mentale : l’influence du retour à l’emploi
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Le retour à un emploi stable et durable après le diagnostic d’un cancer du sein réduit le risque de dépression à moyen et long terme. Ces résultats sont publiés dans Supportive Care in Cancer en novembre 2025.
Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme, avec plus de 60 000 nouveaux cas chaque année en France. Une prise en charge précoce permise par le dépistage associé aux nouveaux traitements permet d’en guérir 9 cas sur 10 aujourd’hui.
Pour suivre leur traitement, la majorité des femmes diagnostiquées d’un cancer du sein doivent interrompre leur activité professionnelle. Leur retour à l’emploi peut prendre des formes variées. Ces différentes trajectoires de retour à l’emploi influencent-elles leur santé mentale ? Une équipe emmenée par Mélanie Bertin, enseignante-chercheuse à l’EHESP de Rennes et au laboratoire Arènes, s’est penchée sur ces questions à partir des données de Constances.
1re étape : identifier les volontaires atteintes d’un cancer du sein
Pour identifier les femmes de la cohorte ayant eu un diagnostic de cancer du sein entre 2009 (soit avant leur inclusion) et 2019, les scientifiques se sont appuyés sur les informations présentes dans les bases de données du Système national des données de santé (SNDS). Un algorithme intégrant le diagnostic de cancer du sein, les traitements reçus et la reconnaissance d’une affection longue durée (ALD), a permis d’identifier plus de 2000 femmes atteintes de de cancer sur cette période.
2e étape : définir les trajectoires de retour à l’emploi
A l’aide de données issues de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV), l’équipe a ensuite déterminé les trajectoires de retour à l’emploi des femmes sur une période s’étendant jusqu’à 5 ans après le diagnostic de cancer du sein.
Nous avons mis en évidence 3 grands profils de trajectoires professionnelles : un groupe de femmes reprenant un emploi de façon durable et continue après le diagnostic (possiblement avec une reprise à mi-temps thérapeutique), un groupe alternant des périodes de chômage, d’emploi et/ou des transitions professionnelles et, enfin, un troisième groupe en situation d’invalidité
3e étape : calculer un score de symptômes dépressifs
Pour déterminer la santé mentale de ces femmes, l’équipe a utilisé leurs réponses à une échelle d’auto-évaluation, appelée « Centre for Epidemiologic Studies Depression Scale », présente dans le questionnaire « Mode de vie et santé » renseigné à l’inclusion dans les Centres d’examens de santé. Cette échelle comportait 20 questions telles que : « J’ai eu des crises de larmes », « J’ai eu du mal à me concentrer sur ce que je faisais »…
Plus de 22 % des femmes diagnostiquées avec un cancer du sein et ayant rempli le questionnaire entre 0 et 5 ans après le diagnostic présentaient un risque élevé de dépression. Ce pourcentage était de 20 % pour les femmes ayant rempli le questionnaire entre 6 et 10 ans après le diagnostic.
Association entre symptômes dépressifs et trajectoires de retour à l’emploi
Comparativement aux femmes ayant eu un retour durable et continu à l’emploi, les femmes en situation d’invalidité présentaient un risque plus élevé de dépression à moyen terme (entre 0 et 5 ans après leur diagnostic de cancer) et à long terme (entre 6 et 10 ans après leur diagnostic de cancer).
« Concernant le groupe de femmes alternant des périodes de chômage et de transitions professionnelles après leur diagnostic de cancer, ce groupe est composé d’un mélange très divers de réalités professionnelles » explique Mélanie Bertin qui poursuit actuellement ses travaux sur les données Constances, en se focalisant sur les parcours de soins et les trajectoires de retour au travail après un cancer du sein, en lien avec les inégalités sociales.
Cette étude a bénéficié d’un soutien de l’Institut national du Cancer (INCa) au travers du consortium SIRIC-ILIAD et d’un de ses programmes de recherche, le programme ReWork coordonné par Yves Roquelaure, professeur de Santé au travail au CHU d’Angers et responsable de l’équipe Ester de l'Institut de recherche en santé, environnement et travail (Irset).
Références bibliographiques
Clémence Rapicault, Bertrand Porro, Julie Gourmelen, Céline Ribet, Anne-Lise Rolland, Yves Roquelaure et Mélanie Bertin. Association between return-to-work trajectories and depressive symptoms in long-term breast cancer survivors: results from the French CONSTANCES cohort. Supportive Care in Cancer. 2025. DOI: 10.1007/s00520-025-10146-z
Anne-Lise Rolland, Bertrand Porro, Sofiane Kab, Céline Ribet, Yves Roquelaure et Mélanie Bertin. Impact of breast cancer care pathways and related symptoms on the return-to-work process: results from a population-based French cohort study (CONSTANCES). Breast Cancer Research. 2023. DOI: 10.1186/s13058-023-01623-6