Hypertension et médicaments : cela ne va pas de soi !

Dans Constances, 28 % des volontaires hypertendus et traités ne prennent pas leurs médicaments aussi régulièrement qu’ils le devraient, avec une probabilité 1,6 fois plus grande d’avoir une hypertension sévère.

A la demande de la Direction générale de la santé (DGS) du Ministère en charge de la santé, l’unité Cohortes épidémiologiques en population de Villejuif (UMS11) a réalisé une étude sur l’hypertension artérielle. L’hypertension est un facteur de risque de maladies cardiovasculaires : elle est liée à 45 % des décès par maladies cardiaques et contribue à l’apparition de l’insuffisance cardiaque et rénale. L’étude reposait sur une extraction de données de la cohorte comportant 88 000 volontaires inclus jusqu’en 2016, couplée aux données de consommation de soins du système national des données de santé (SNDS).

En voici les principaux résultats.

  • 30 % des volontaires de Constances sont hypertendus selon les critères retenus dans l’étude, à savoir : (1) pression artérielle mesurée lors du bilan de santé supérieure ou égale à 14/9 et/ou (2) prescription d’antihypertenseurs (ce qui s’est révélé l’être pour 40 % des hypertendus totaux). Cette prévalence est semblable à celle issue d’une extraction incluant 64 000 volontaires et présentée fin 2017. Elle est aussi dans l’ordre de grandeur des dernières estimations dans la population française (31 % selon l’étude nationale nutrition santé 2006-2007) et dans la population mondiale (31,1 % selon Mills et al., 2016).
  • 44 % des hypertendus avec prescription d’antihypertenseurs ont leur pression artérielle contrôlée. Faut-il en conclure que les médicaments ne sont efficaces que dans 1 cas sur 2 ? « Non, on ne peut pas dire cela. Pour que l’effet des médicaments soit optimal il faut que les personnes suivent correctement les prescriptions médicales et qu’ils adhérent aux recommandations hygiéno-diététiques » indique Sofiane Kab, épidémiologiste à l’UMS 11.
  • 28 % des volontaires traités ne prennent pas régulièrement leurs médicaments. Ce chiffre repose sur l’analyse des données se rapportant aux 3 400 volontaires hypertendus qui avaient des prescriptions d’antihypertenseurs au moins 2 ans avant leur inclusion dans la cohorte. « Nous avons considéré qu’une personne était ‘‘adhérente’’ au traitement si elle avait renouvelé sa délivrance sur 80 % des trimestres » précise le chercheur. « Nous avons trouvé que les jeunes (18-39 ans) adhèrent moins à la prise régulière de médicaments mais aussi les personnes avec un niveau d’éducation élevé. Les hommes ont une observance médicamenteuse légèrement plus élevée que les femmes (+ 16 %). Pourtant, l’hypertension des femmes — même chez celles pharmacologiquement traitées — est globalement mieux contrôlée que celle des hommes. Cela pourrait venir du fait qu’elles suivent mieux les consignes alimentaires et d’activité physique en lien avec la maladie, mais tout cela est à confirmer. »
  • Les volontaires ont une probabilité 1,6 fois plus grande d’avoir une hypertension sévère (> 16/10) lorsque le traitement n’est pas observé. Cette relation est indépendante de l’âge, du sexe et d’un certain nombre de facteurs liés au contrôle de l’hypertension comme la consommation d’alcool, le niveau de stress au travail et les antécédents familiaux (un des deux parents hypertendus). 
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