La moitié de la population française dépasse les repères de consommation d’alcool à moindre risque

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Plus de 60 % des Français et 37 % des Françaises dépassent les repères de consommation à moindre risque pour leur santé selon les nouveaux repères préconisés en France depuis 2017. Ces résultats basés sur la cohorte Constances ont été publiés en février 2024 dans la revue International journal of public health.
Depuis les années 90, en France, il était recommandé de ne pas dépasser 2 verres standard par jour pour les femmes et 3 verres par jour pour les hommes, sans dépasser 4 verres lors d’une occasion exceptionnelle. Mais, du fait de l’accumulation de connaissance sur les liens entre consommation d’alcool et le risque de développer certains cancers, plusieurs pays ont révisé ces repères au cours des dernières années afin de limiter les risques pour la santé. 
 
En France, suite à une saisine de la Direction générale de la santé (DGS) et de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), un groupe d’experts mandaté par Santé publique France et l’Institut national du cancer a proposé, en 2017, de nouveaux repères de consommation d’alcool en s’appuyant sur une revue de la littérature scientifique, une modélisation des risques pour la santé selon différents scénarios d’exposition à l’alcool, et des auditions d’experts.

Pour votre santé, maximum 2 verres par jour et pas tous les jours

Ces nouveaux repères de consommation à moindre risque pour la santé sont identiques pour les femmes (hors périodes de grossesse) et les hommes, à savoir :
  • Ne pas consommer plus de 10 verres standards par semaine
  • Ne pas consommer plus de 2 verres standards par jour
  • Avoir des jours dans la semaine sans consommation (soit au minimum deux jours sans alcool par semaine).
 
Une équipe de chercheurs emmenée par Guillaume Airagnes, directeur de l’Observatoire français des drogues et tendances addictives et chercheur à l’Inserm, s’est penchée sur les données de Constances pour déterminer la part de la population française concernée par une consommation à risque selon ces nouveaux repères. Pour cela, elle s’est basée sur les réponses au questionnaire de suivi de 2019 de 35 000 volontaires inclus dans la cohorte en 2016 et 2017. Ce questionnaire de suivi annuel comporte en effet une section spécifique sur la consommation d’alcool en « verres standard » à partir d’un agenda hebdomadaire.
 

Plus de la moitié des Français dépassent les repères de consommation d’alcool à moindre risque

Selon ces nouveaux repères, il est ressorti que 60 % des Français et 37 % des Françaises  (18-74 ans) dépassaient les repères de consommation d’alcool à moindre risque pour leur santé en 2019. Alors que les repères de consommations chez les femmes enceintes sont de ne pas consommer du tout d’alcool, environ 7 % d’entre elles dépassaient ces nouveaux repères.

Chez les hommes comme chez les femmes, c’est le critère « pas plus de 2 verres standards par jour » qui était le plus souvent dépassé : 

  • 49 % des hommes excèdent plus de 2 verres par jour, 38 % ont une consommation de plus de 10 verres par semaine et 42 % ont moins de 2 jours sans alcool par semaine
  • 36 % des femmes excèdent plus de 2 verres par jour, 18 % ont une consommation de plus de 10 verres par semaine et 22 % ont moins de 2 jours sans alcool par semaine.

Les repères  de consommation sont plus souvent dépassés chez les personnes de 65 ans et plus. Ainsi chez les hommes, si 58 % des Français âgés de 20 à 34 ans dépassent les repères de consommation à moindre risque, ils sont 61 % parmi les Français de 55-64 ans et 67 % chez les Français de 65 ans et plus. Chez les femmes, cet effet de l’âge est moins marqué. Ainsi, si 37 % des Françaises âgées de 20 à 34 ans dépassent les repères de consommation à moindre risque, elles sont 35,5 %  parmi les Françaises de 55-64 ans et 40 % chez les Françaises de 65 ans et plus.

Le dépassement de ces repères était aussi associé avec le statut socio-économique (plus les revenus sont élevés, plus le dépassement des repères de consommation est fréquent), le tabagisme, le vapotage et la consommation de cannabis. La dépression était associée au dépassement de ces repères chez les femmes, mais pas chez les hommes.

Ces résultats, importants, soulignent la nécessité d’intensifier les campagnes de communication et les mesures de prévention visant à réduire la consommation d’alcool dans la population française.

Référence bibliographique :

Rita El Haddad, Adeline Renuy, Emmanuel Wiernik, Maria Melchior, Marie Zins, Guillaume Airagnes (2024) Proportion of At-Risk Alcohol Consumers According to the New French Guidelines: Cross-Sectional Weighted Analyses From the CONSTANCES Cohort. Int J Public Health, 16 February 2024. Volume 69. DOI : https://doi.org/10.3389/ijph.2024.1606481

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