Le vitiligo altère de manière importante la qualité de vie des personnes atteintes

Le vitiligo concerne 0,7 % des volontaires de Constances. Cette maladie de la peau altère significativement leur qualité de vie et est associée à davantage de prise d’antidépresseurs. Ces résultats ont été publiés en novembre 2023 dans la revue Journal of the European Academy of Dermatology and Venereology.

Le vitiligo est une affection de la peau caractérisée par l’apparition de taches blanches sur les mains, le visage, le dos, les pieds ou toute autre partie du corps. Ces taches dépigmentées sont liées à la destruction, par le système immunitaire, des mélanocytes, les cellules responsables de la teinte de la peau. Gênante sur le plan esthétique, ces dépigmentations peuvent avoir un retentissement dans la vie quotidienne des personnes atteintes, dans leurs relations sociales, professionnelles et affectives. Quel est-il exactement ?

Les personnes atteintes par un vitiligo ont-elles une altération importante de leur qualité de vie ? Sont-elles plus sujettes à la dépression ? Quels liens avec les parties du corps dépigmentées ? Ces questions, les professionnels de santé et les malades se les posent depuis de nombreuses années. La participation des volontaires de Constances a apporté des réponses précises et solides dans une population représentative de la population générale, pour la première fois en France et dans le monde (étude VIOLIN).

Un questionnaire généraliste en 2018, un questionnaire spécifique en 2022

En 2018, le questionnaire annuel de Constances comportait une section spécifique sur les maladies de la peau, avec entre autres des questions sur le vitiligo. Parmi les 95 597 volontaires ayant répondu à ces questions, 1 605 ont rapporté avoir un vitiligo. En 2022, l’équipe de Constances leur a adressé un courrier contenant 4 questionnaires afin de recueillir des informations précises sur la localisation et la surface des zones atteintes, sur les impacts sur la qualité de vie évaluée via des questions portant sur les activités dans l’environnement personnel, les activités de loisirs et les interactions avec les autres personnes.

« Nous avons eu un excellent taux de réponse – plus de 72 %. Nous remercions tous les volontaires qui ont pris le temps de détailler les zones atteintes par un vitiligo, de préciser l’impact de cette maladie auto-immune sur leur vie au quotidien » souligne Marie Zins, professeure et responsable scientifique de la cohorte Constances. Parmi les répondants, 681 répondants ont indiqué avoir un vitiligo diagnostiqué par un médecin, soit une prévalence du vitiligo dans la cohorte de 0,71 %.

Les mains et le visage atteints pour plus de 60 % des répondants

Plus de 67 % des 681 répondants de Constances ont rapporté avoir des taches sur les mains. Seconde zone touchée : le visage pour 62 % des répondants. « Cette atteinte des zones visibles peut avoir des répercussions importantes sur le quotidien des patients et sur la stigmatisation dont ils peuvent être victimes » indique Khaled Ezzedine, professeur de dermatologie à l’Hôpital Henri Mondor de Créteil, qui pilote le projet de recherche appelé VIOLIN.

Impacts significatifs sur la qualité de vie

La qualité de vie des volontaires atteints de vitiligo est altérée de manière importante par rapport aux volontaires « témoins » (personnes de même âge et de même sexe indemnes de vitiligo). Elle est altérée de manière encore plus importante quand la dépigmentation concerne une zone visible (visage et/ou mains) et lorsque la surface atteinte est supérieure à 5 % du corps. Cette altération de la qualité de vie est identique quel que soit la teinte de la peau.

Ces mêmes résultats ont été retrouvés concernant la stigmatisation perçue et la stigmatisation effective. Les personnes atteintes de vitiligo sont plus souvent victimes de stigmatisation que celles qui ne le sont pas et cette stigmatisation est d’autant plus importante que les zones atteintes sont plus visibles.

Enfin, les personnes atteintes de vitiligo ont rapporté davantage de symptômes dépressifs que les volontaires de l’échantillon témoin. Cela a été confirmé par le fait qu’elles prennent davantage d’antidépresseurs.

Sur-risques de maladies auto-immunes

Les chercheurs ont également regardé si les volontaires atteints de vitiligo étaient davantage concernés par d’autres maladies par rapport à l’échantillon témoin. Cela s’est avéré être le cas pour :

  • les maladies de la thyroïde (18 % vs 9 %),
  • le psoriasis (13,7 % vs 9,7 %),
  • la dermatite atopique (12,4 % vs 10,3 %),
  • la pelade (4,3 % vs 2,4 %).

Ces sur-risques de maladies auto-immunes avaient déjà été mis en évidence par de précédentes études. L’étude Constances les confirme.

« L’impact du vitiligo sur la vie des patients est très important avec une vraie répercussion sur leur qualité de vie. Cet impact doit être reconnu. Le dépistage des signes de dépression doit être systématique chez les personnes atteintes de vitiligo. De plus, alors que des traitements existent, plus de 80 % des volontaires de Constances atteints de vitiligo ne prennent pas de traitement spécifique pour leur maladie. Ceci peut être dû au fait qu’elles n’ont pas accès à un dermatologue ou au fait qu’il n’existe pas de traitement spécifique du vitiligo qui soit pris en charge par la sécurité sociale en dehors de la photothérapie qui n’est disponible que chez un nombre restreint de dermatologues » explique le professeur Khaled Ezzedine.

Référence bibliographique : 

Ezzedine K, Seneschal J, Da Silva A, Préaubert N, Lamblin A, Delattre C, Emery C, Nevoret C, Finzi J, Bouée S, Passeron T.  Vitiligo Patient Population and Disease Burden in France: VIOLIN Study Results From the CONSTANCES Cohort. J Eur Acad Dermatol Venereol. 2023 Aug 21. doi: https://dx.doi.org/10.1111/jdv.19447.

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