Rhinite et pollution atmosphérique

Trois polluants de l’air (PM2,5, NO2 et carbone suie) sont associés à la rhinite chez les volontaires de Constances avec une augmentation du risque relatif de 7 à 8 %. Ces résultats ont été publiés le 26 août 2021 dans Environment International. Un article concernant l’asthme devrait prochainement être publié.

Caractérisée par un nez qui coule ou un nez bouché en dehors des épisodes de rhume ou de grippe, la rhinite est une maladie souvent banalisée. Pourtant, elle a un fort impact sur la qualité de vie des personnes concernées (troubles du sommeil, bien-être…) et sur les performances scolaires et professionnels induisant des coûts indirects qui sont d’autant plus élevés qu’environ 30 à 40 % des adultes de la population française sont sujets chaque année à la rhinite.

Le nez étant le premier lieu de passage de l’air, il est logique de s’intéresser aux effets de polluants sur la rhinite, ce qui avait été peu étudié jusqu’à présent. Grâce aux données de Constances, une équipe a regardé si des liens existaient entre la rhinite et 3 polluants de l’air : les particules fines (PM2,5), le carbone suie et le dioxyde d’azote (NO2). Le carbone suie est un des composés des particules fines PM2,5 émis lors des combustions incomplètes. Il provient essentiellement du trafic routier mais aussi de la combustion du bois de chauffage ou encore des feux naturels. Le NO2 est un marqueur de la pollution issue du trafic routier.

Basées sur des mesures de qualité de l’air et des modèles statistiques précis, des cartes de concentrations réalisées par l’Institut tropical et de santé publique suisse (Swiss TPH) ont permis d’estimer l’exposition à ces 3 polluants pour chaque volontaire de Constances à partir de leur adresse de résidence déclarée, avec une précision spatiale de 100 m sur 100 m.

Près de 130 000 volontaires ont été intégrés dans l’étude, dont 36 % avait une rhinite actuelle déterminée à partir de leurs réponses à 2 questions du questionnaire « Mode de vie et santé » proposé à l’inclusion dans la cohorte Constances :

  • « Au cours de votre vie, avez-vous déjà eu des problèmes d’éternuements, nez qui coule ou nez bouché quand vous n’étiez pas enrhumé·e et n’aviez pas la grippe ? »
  • « Avez-vous eu ces problèmes dans les 12 derniers mois ? »

Association rhinite et polluants de l’air

Les analyses statistiques, qui ont pris en compte l’âge, le sexe, des facteurs socio-économiques et le tabagisme, ont montré une association significative entre la rhinite actuelle et une augmentation de PM2,5, de carbone suie et de NO2 avec des augmentations des risques relatifs (estimées à partir des « odds ratios ») de :

  • 8 % pour les personnes exposées à une augmentation de PM2,5 de 4,85 µg/m3
  • 7 % pour une exposition à une augmentation de carbone suie de 0,88 10-5 m-1
  • 7 % pour une exposition à une augmentation de NO2 de 17,3 µg/m3
Les résultats des analyses statistiques montrent que plus la pollution atmosphérique est élevée plus le risque d'être atteint de rhinite est élévé.

« Cette étude apporte de nouvelles preuves quant aux effets néfastes de la pollution atmosphérique, en particulier du carbone suie dont les associations avec la rhinite ont été très peu étudiées jusqu’à maintenant. Comme la rhinite est une maladie très fréquente, réduire l’exposition à la pollution atmosphérique pourrait améliorer la qualité de vie de milliers de personnes en France et de millions de personnes dans le monde » explique Marine Savouré qui a réalisé les analyses dans le cadre de son doctorat (financé par l’ADEME et l’Université Paris-Saclay) au CESP, dans l’équipe d’épidémiologie respiratoire intégrative dirigée par Rachel Nadif.

« En moyenne, les volontaires de Constances sont exposés à des concentrations de PM2,5 de 17 µg/m3, bien au-delà de la nouvelle recommandation d’exposition annuelle de 5 µg/m3 publiée par l’OMS le 22 septembre dernier. Pour le NO2, les volontaires sont exposés à des concentrations moyennes de 26,5 µg/m3, supérieures aussi à la nouvelle valeur seuil qui a été divisée par 4, passant de 40 µg/m3 à 10 µg/m3. Pour le carbone suie, aucune recommandation n’existe actuellement » indique Bénédicte Jacquemin, chercheuse à l’IRSET et co-auteure de l’étude publiée le 26 août 2021 dans Environment International.

Référence bibliographique :
Savouré, M. et al. Long-term exposures to PM2.5, black carbon and NO2 and prevalence of current rhinitis in French adults: The Constances Cohort. Environment International. 2021 Aug 26;157:106839. doi: 10.1016/j.envint.2021.106839.

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