Un volontaire sur 5 ferait de l’apnée du sommeil

Seulement 3,5 % des volontaires de la cohorte sont soignés pour apnée de sommeil, alors que 21 % des participants de Constances seraient touchés par ce syndrome respiratoire. Ce constat est inquiétant car l’apnée du sommeil peut provoquer des maladies cardiovasculaires, mais aussi des accidents de la route, si elle n’est pas traitée. Ces résultats ont été publiés le 10 mai 2023 dans European Respiratory Journal Open Research.

En 2017, le questionnaire annuel de Constances comportait une série de questions sur la somnolence, le ronflement… Ces questions n’avaient pas été choisies au hasard ! Elles étaient issues du « questionnaire de Berlin ». Validé par la communauté scientifique, ce questionnaire évalue le risque d’être atteint d’apnée du sommeil, un syndrome qui entraîne des pauses respiratoires et des micro-réveils fréquents qui peuvent passer inaperçus. Ces apnées durent de 10 à 30 secondes et se produisent au moins 5 fois par heure de sommeil.

Apnées, somnolence et maladies cardiovasculaires

Une équipe de chercheurs a analysé les réponses au questionnaire de Berlin de 20 151 volontaires invités dans la cohorte en 2013 et 2014. Alors que 3,5 % des participants à Constances déclaraient qu’ils étaient traités, les réponses au questionnaire indiquaient que 18,1 % des volontaires étaient potentiellement sujets à des apnées sans être soignés.

Ce constat est inquiétant car l’apnée du sommeil altère considérablement la qualité du sommeil et entraîne une importante fatigue chronique. « Le risque principal est lié à la somnolence qu’elle entraîne en journée et qui peut mener à des accidents de la route si elle survient au volant » indique Pauline Balagny, cardiologue à l’hôpital Bichat (Paris) qui a mené les analyses dans le cadre de son doctorat.

Mais l’apnée du sommeil a aussi des répercussions sur la santé à long terme, notamment sur les maladies cardiovasculaires, si elle n’est pas diagnostiquée et traitée. « Chaque apnée entraîne une diminution du taux d’oxygène dans le sang. Le corps s’adapte en augmentant la fréquence cardiaque et la pression artérielle, ce qui augmente le risque d’infarctus, d’AVC et de fibrillation auriculaire » explique la spécialiste.

Exemples de questions du questionnaire de suivi de 2017.

De l’importance de se faire diagnostiquer

Les chercheurs ont trouvé plus de risque d’apnées chez les hommes que chez les femmes (un fait bien connu), chez les personnes plus âgées, pratiquant moins d’activité physique, consommant du tabac et avec un niveau d’éducation plus faible. « Nous avons aussi détecté une association avec les symptômes dépressifs mais ce lien – aussi mis en évidence dans de précédentes études – n’est pas encore clair. D’une part, les symptômes dépressifs pourraient être à la fois un facteur de risque d’apnées mais également un signe de leur présence. De plus, en dehors de l’apnée, les troubles du sommeil et la fatigue sont des symptômes de la dépression.» indique Emmanuel Wiernik, chercheur Inserm à l’UMS11 qui a dirigé l’étude.

Ces résultats soulignent l’importance de consulter dès l’apparition des premiers symptômes, notamment une somnolence, des maux de tête et une fatigue chronique avec l’impression de ne pas être reposé malgré une bonne nuit de sommeil en apparence. « Le diagnostic se fait avec un appareil qu’il faut porter toute une nuit. Cela peut se faire chez soi ou à l’hôpital » indique Pauline Balagny. Une fois le diagnostic posé, le traitement consiste généralement à dormir avec un masque respiratoire. « Ce traitement peut sembler assez invasif et encombrant mais il est très efficace et va permettre une meilleure qualité de vie à court, moyen et long terme » conclut la cardiologue.

Référence bibliographique :

Balagny P, Vidal-Petiot E, Renuy A, Matta J, Frija-Masson J, Gabriel Steg P, Goldberg M, Zins M, D’Ortho M-P, Wiernik E. Prevalence, treatment and determinants of Obstructive Sleep Apnea and its symptoms in a population-based French cohort. ERJ Open Research 2023. DOI: 10.1183/23120541.00053-2023.

Aller au contenu principal