Dépression paternelle : prévalence et facteurs de risque

Caractéristiques

Responsable scientifique J. van der Waerden
Organisme de rattachement Inserm & Sorbonne Université
Laboratoire / Lieu Institut Pierre Louis d‘Épidémiologie et de Santé Publique, Paris
Année de dépôt 2021
Type de projet Données uniquement

Contexte

Contrairement aux générations précédentes, on attend des pères qu’ils participent activement à l’éducation de leurs enfants. Tandis que la recherche s’est principalement concentrée sur l’impact du bien-être mental de la mère sur le développement de l’enfant, l’impact potentiel de la santé mentale du père retient de plus en plus l’attention. La dépression paternelle est probablement le problème le plus étudié chez les pères, avec des taux de prévalence rapportés de 7% chez les hommes en âge de procréer. A notre connaissance, seules deux études publiées ont fait état de la dépression paternelle en France, toutes deux en période périnatale. Une petite étude basée sur 119 pères a montré une prévalence de 8,0% à deux mois du post-partum, tandis qu’une étude exploratoire basée sur les données de la cohorte ELFE a rapporté qu’environ 7,0% des pères étaient déprimés deux mois après la naissance de leur enfant. Ces dernières années, au niveau international, les trajectoires de dépression ont également été explorées, mettant en évidence l’hétérogénéité de l’évolution longitudinale de la dépression parentale. Cependant, alors que de nombreuses études ont été menées sur les trajectoires de dépression maternelle, les études sur les trajectoires de dépression chez les pères sont rares et principalement basées sur de petits échantillons. De plus, la plupart de ces études se concentrent sur l’analyse des trajectoires des symptômes dépressifs exclusivement pendant la période périnatale, ce qui rend difficile la projection de l’évolution longitudinale qui pourrait affecter les pères et les familles pendant les années consacrées à l’éducation des enfants. Des connaissances plus détaillées sur le nombre et la stabilité des trajectoires des symptômes dépressifs des pères, ainsi que sur les facteurs de risque associés, sont nécessaires. L’identification de trajectoires différentes de la dépression dans le temps peut fournir une base pour une investigation plus détaillée des variations dans le timing et la chronicité de la détresse psychologique paternelle, et son impact potentiel sur leurs familles.

Objectifs

Notre étude vise à identifier et comprendre :

  • L’existence de trajectoires longitudinales de dépression paternelle dans un échantillon représentatif de la population française
  • Déterminer les facteurs de risque associés permettant de prédire ces trajectoires

Méthodes

Pour cette étude, nous nous concentrerons exclusivement sur les hommes participants en âge d’élever des enfants, déclarant avoir au moins un enfant vivant. Des questions sur la santé mentale ont été posées lors de plusieurs vagues de données de la cohorte CONSTANCES au moyen d’instruments psychométriques standardisés, soit le CESD (inclusion, 2015, 2018) ou le GHQ12 (2016,2019). Pour évaluer les tendances longitudinales des symptômes dépressifs paternels, nous effectuerons une analyse de trajectoire, une stratégie de modélisation semi-paramétrique basée sur un groupement, utilisée pour identifier des classes de trajectoires latentes homogènes à partir de données longitudinales – exécutée avec PROC TRAJ dans SAS. Cette méthode traite les données manquantes selon l’hypothèse de données manquantes au hasard, où les individus avec des informations manquantes seront assignés à leur groupe le plus probable. Le nombre et la forme des trajectoires latentes seront déterminés à l’aide du critère d’information Bayésien (BIC), du critère d’information d’Akaike (AIC), de la valeur d’entropie (les valeurs plus proches de 1,0 indiquant une plus grande confiance dans la classification) et des probabilités postérieures d’appartenance à une classe. En outre, l’interprétabilité théorique et clinique des solutions de classe sera utilisée pour choisir le meilleur modèle. Dans une deuxième étape d’analyse, nous utiliserons des analyses de régression logistique binaire ou multinomiale pour tester les associations entre les prédicteurs potentiels et les groupes de trajectoires. CONSTANCES fournit des informations riches collectées de manière répétée sur une série de caractéristiques, y compris les comportements de santé et les facteurs socio-économiques familiaux qui seront pris en compte. Les variables seront incluses dans le modèle multivarié final si elles sont associées à l’appartenance à une classe à p < 0,10 dans les modèles de régression logistique bivariée.

Perspectives

Les données de prévalence de la dépression paternelle dans la population générale sont rares, et les études explorant leur évolution longitudinale le sont encore plus. De plus, de nombreuses études antérieures sur la dépression paternelle ont été menées à partir de données provenant de cohortes britanniques ou australiennes et ces résultats ne sont pas forcément généralisables à d’autres contextes. Ces questions n’ont pas encore été étudiées dans le contexte français, où les facteurs culturels et sociaux peuvent révéler des tendances différentes. Ce projet fournira des preuves de l’étendue et de l’évolution de la dépression paternelle en France et des facteurs de risque qui permettront d’identifier les pères susceptibles d’être exposés à des résultats délétères. Ces informations pourraient contribuer à la conception et à l’approche des futurs projets d’intervention. 

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