Facteurs socio-économiques et comportements addictifs pendant la pandémie de COVID-19

Caractéristiques

Responsable scientifique M. Melchior
Organisme de rattachement Inserm & Sorbonne Université
Laboratoire / Lieu Institut Pierre Louis d‘Épidémiologie et de Santé Publique, Paris
Année de dépôt 2021
Type de projet Données uniquement

Contexte

L’épidémie due au virus COVID-19 a conduit des populations entières de plusieurs pays, dont la France, à mettre en place des mesures de distanciation sociale à des fins préventives. Ainsi, en raison des opportunités sociales réduites, en particulier pendant les confinements, les individus peuvent avoir diminué leur consommation de substances psychoactives, comme par exemple l’alcool. En revanche, en parallèle, en raison de la source de stress suscitée par la pandémie, la consommation d’autres substances psychoactives, comme par exemple le tabac, peut, quant à elle, avoir augmenté. Les données recueillies par Santé Publique France lors du premier confinement qui a débuté en mars 2020, montrent que 27% des français ont augmenté leur consommation de tabac, tandis que 19% ont signalé une baisse. Une tendance similaire a été observée avec l’alcool, Santé Publique France indiquant que 24% des français avaient réduit leur consommation d’alcool tandis que 11% l’avaient augmentée pendant le confinement. Cela met en évidence une différence de comportement selon les individus. Des études ont également révélé un changement dans les habitudes de consommation d’alcool et d’autres substances pendant le confinement. De plus, le chômage et la détresse psychologique associés aux mesures sanitaires ont été associés à des niveaux élevés de consommation d’alcool. Par ailleurs, des recherches antérieures ont décrit des inégalités sociales dans les comportements addictifs tels que le tabagisme et la consommation d’alcool. Il y a des raisons de penser que ces inégalités ont pu s’amplifier pendant l’épidémie en raison de perte d’emploi ou de difficultés financières associées, mais les données sur ce sujet font défaut. Il est, par ailleurs, important, pour étudier l’évolution des consommations, de prendre en compte les habitudes avant la pandémie de COVID-19, données pas toujours accessibles de façon longitudinale.

Objectifs

L’objectif de ce projet est d’étudier les changements de comportement dans les consommations de tabac, d’alcool et de cannabis pendant le confinement, et de déterminer les facteurs associés à ces comportements, en particulier l’impact de la position socio-économique des individus et d’éventuelles difficultés financières et professionnelles dues à la pandémie, en tenant compte des comportements antérieurs à cette pandémie et d’éventuels problèmes de santé mentale. Ces objectifs reposent sur les hypothèses que le stress lié à la peur, la solitude, les conditions de travail ou les éventuels problèmes financiers seraient associés à une augmentation de la consommation de tabac et d’alcool, mais aussi qu’une possible diminution de cette consommation pourrait être associée à une réduction des interactions sociales. Enfin, une éventuelle différence de comportement selon le sexe sera étudiée.

Méthodes

Les données de SAPRIS permettent d’étudier ces éventuels changements de consommation de substances psychoactives pendant le confinement. En effet, ces comportements ont été mesurés par l’usage du tabac (quotidiennement / occasionnellement / non) et de la cigarette électronique (quotidiennement / occasionnellement /non), la consommation d’alcool (quotidiennement / occasionnellement / non) et de cannabis (quotidiennement /occasionnellement / non). En outre, des informations sur les facteurs socio-économiques, comprenant le niveau d’éducation, la catégorie socio-professionnelle, la situation financière et professionnelle, ainsi que les facteurs de confusion tels que le sexe, le lieu de résidence, le fait de vivre seul/ en couple / avec ou sans enfants, et le statut marital sont disponibles dans SAPRIS. Pour étudier les éventuels changements dans les consommations de substances psychoactives, des informations sur les consommations antérieures de tabac, de cigarette électronique, d’alcool et de cannabis sont indispensables. Ces informations sur les comportements addictifs, ainsi que d’autres informations de base importantes à prendre en compte dans les analyses, sont présentes dans les vagues précédant l’épidémie de la cohorte Constances, qui représente le plus grand nombre de participants de l’étude SAPRIS. En ce qui concerne ces analyses, en premier lieu, une description des caractéristiques démographiques, professionnelles et économiques liées à la consommation de substances psychoactives sera réalisée. Puis, les facteurs associés aux consommations pendant le confinement seront recherchés à l’aide de régressions logistiques bi- et multivariées, en particulier l’association entre l’usage préexistant de tabac et d’alcool et les consommations au cours de l’épidémie de COVID-19. Des tests d’interactions entre les caractéristiques socio-économiques et la consommation antérieure de substances et la consommation de tabac et d’alcool au cours de l’épidémie de COVID-19 seront réalisés.

Perspectives

Ce projet contribuera à la connaissance du tabagisme, de la consommation d’alcool à risque et de celle du cannabis dans le contexte de l’épidémie de COVID-19. Le projet permettra de mettre en exergue d’éventuelles disparités socio-économiques permettant d’identifier des groupes vulnérables en ce qui concerne l’utilisation de différentes substances psychoactives, et ainsi de déterminer les personnes sur lesquelles une attention particulière devra être portée lors de futurs confinements. Ces connaissances sont essentielles en termes de prévention et de promotion de la santé des comportements à risque liés à la consommation de substances, qui peuvent causer des maladies, des cancers et contribuer à de multiples comorbidités associées.

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