Impact des déterminants psycho-socioéconomiques sur l’évolution du cancer

Caractéristiques

Responsable scientifique C. Delpierre
Organisme de rattachement Inserm & Université Toulouse 3 Paul Sabatier
Laboratoire / Lieu Centre d'épidémiologie et de recherche en santé des populations, Toulouse
Année de dépôt 2020
Type de projet Données uniquement

Contexte

La position socio-économique (PSE) est associée à un large éventail de maladies chroniques chez l’adulte. Parmi elles, le cancer, l’une des principales causes de décès dans le monde, joue un rôle majeur dans les inégalités sociales de mortalité. Ces inégalités résultent en partie d’un accès socialement stratifié aux soins, mais aussi de l’influence depuis l’enfance des déterminants sociaux sur le risque de cancer, tels que les comportements de santé et les expositions matérielles ou psychosociales. Le risque de cancer peut ainsi être considéré comme le résultat d’interactions longitudinales complexes entre les caractéristiques biologiques et sociales. Une telle approche fait appel au concept d’incorporation selon lequel chaque être humain est à la fois un organisme social et biologique qui intègre littéralement le monde dans lequel il vit à travers un ensemble dynamique de processus et d’interactions au fil du temps. Un défi majeur consiste à clarifier la nature des multiples expositions/mécanismes associés à la PSE, et la manière dont ces derniers interagissent avec le fonctionnement biologique pour influencer le risque d’apparition d’un cancer au cours de la vie.

Objectifs

En utilisant une approche de type biographique (life course), nous cherchons à comprendre comment l’environnement social peut s’incorporer chez l’Homme et influencer les processus biologiques impliqués dans le risque de cancer et sa progression. Nous nous proposons d’étudier la relation entre la PSE au cours de la vie, le fonctionnement biologique et le développement du cancer dans la cohorte CONSTANCES. Nous étudierons plus particulièrement (i) certains processus biologiques impliqués dans l’incorporation de l’environnement social par le système immunitaire ; (ii) le lien entre l’environnement psychosocial et l’incidence et la gravité du cancer pour tous les types de cancers identifiés jusqu’à présent dans la cohorte.

Méthodes

Une première étape visera à étudier la corrélation entre les différents biomarqueurs et la PSE au cours de la vie. Ces analyses seront basées sur des approches de régression linéaire modélisant la PSE et la concentration de chaque biomarqueur immunitaire. Nous étudierons ensuite la relation entre la réponse immunitaire et le risque de cancer en utilisant des méthodes d’analyse de survie sur la base d’un modèle conceptuel. D’après nos travaux antérieurs portant sur les mécanismes reliant environnement social précoce et survenue et gravité du cancer, et de la disponibilité des données dans la cohorte, nous prendrons en compte les comportements et le style de vie (statut tabagique, activité physique, consommation d’alcool, IMC), et des mécanismes psychologiques(dépression, CES-D) seront spécifiquement testés. Pour mimer les expériences de parcours de vie, nous ajusterons séquentiellement sur l’ordre chronologique de la PSE au cours de la vie, et par ailleurs nous analyserons l’effet de la mobilité sociale. Des analyses de médiation telles que les modèles d’équations structurelles seront mis en œuvre. Nous prévoyons également d’étudier la survie au cancer comme objectif secondaire.

Perspectives

En utilisant les données de CONSTANCES, notre projet vise à identifier et à caractériser les voies biologiques et/ou comportementales impliquées dans la médiation de l’effet de l’environnement socio-économique dans le risque de cancer. Plus généralement, ce projet pourra apporter une meilleure compréhension des causes du cancer par l’identification des voies par lesquelles l’environnement social modifie la physiologie au cours de la vie et, en fin de compte, a un impact sur le risque de cancer et sa survie. Nous attendons de ce projet qu’il produise des résultats pertinents et de nouvelles hypothèses dans les domaines de l’épidémiologie sociale et du cancer. Les résultats et les conclusions seront utiles en Santé Publique pour informer les décideurs politiques et aider aux stratégies de prévention primaire.

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