Impacts de la pandémie de SARS-CoV-2 chez les consommateurs de substances addictives

Caractéristiques

Responsable scientifique G. Airagnes
Organisme de rattachement Inserm & Université Paris Cité
Laboratoire / Lieu Villejuif
Année de dépôt 2021
Type de projet Données uniquement

Résumé

La consommation de substances psychoactives, l’une des principales causes de décès évitables dans le monde, pourrait avoir augmenté pendant la pandémie de COVID-19. Le tabac, l’alcool et le cannabis font partie des substances les plus nocives et la consommation de benzodiazépines est également considérée comme un problème important de santé publique. Ainsi, le COVID-19 et les comportements addictifs sont deux pandémies qui sont sur le point d’entrer en collision.

La consommation de substances peut être associée au risque d’être infecté par le SARS-Cov-2. Néanmoins, ce risque pourrait différer considérablement en fonction de la substance. Par ailleurs, bien que les cigarettes électroniques soient régulièrement considérées comme des outils de réduction des risques, cette recommandation pourrait ne pas être applicable à la pandémie de COVID-19. En effet, leur utilisation pourrait être associée à la fois à l’infection et à une forme grave de celle-ci, mais les données manquent encore pour conclure. Il est donc nécessaire d’examiner le rôle de toutes ces substances dans des analyses longitudinales, en tenant compte de leur niveau d’utilisation et des polyconsommations, et en distinguant le risque d’infection du risque de forme sévère. Par ailleurs, les rôles modérateurs des conditions de vie et de travail pendant la pandémie de COVID-19 et de la peur de la contamination n’ont pas fait jusqu’à présent l’objet d’études, de même que les effets médiateurs de l’observance des mesures de barrière et de la consommation d’autres psychotropes (par exemple, antidépresseurs et neuroleptiques), qui sont liés respectivement au risque de COVID-19 et à sa gravité.

Les personnes qui consommaient des substances avant le début de la pandémie de COVID-19 peuvent présenter des changements dans leur mode de consommation (c’est-à-dire le niveau de consommation, la polyconsommation et le risque de rechute) en fonction de leur expérience de la pandémie de COVID-19.
En particulier, les facteurs suivants pourraient être associés à de tels changements chez les consommateurs de substances : la santé mentale (par exemple, anxiété, dépression, troubles du sommeil, peur de la contamination), les conditions de vie et de travail (par exemple, enfants à la maison, chômage technique, travailleur à distance, difficultés financières et isolement social) ainsi que l’infection par le SRAS-Cov-2 et/ou celle d’un proche. Il est important de comprendre le rôle de ces facteurs sur l’évolution des habitudes de consommation de substances afin de cibler les consommateurs à risque dans un but d’information et de prévention.

Nos deux objectifs seront :

  • Examiner le risque d’infection par le SARS-CoV-2 en fonction de la consommation de tabac, de cigarettes électroniques, d’alcool, de cannabis et de benzodiazépines, tout en prenant en compte :
    • Le niveau d’usage et de polyconsommation ;
    • La distinction entre le risque d’infection et le risque de forme sévère ;
    • Le rôle des médiateurs et modérateurs potentiels.

Premièrement, nous effectuerons des analyses descriptives pondérées afin de fournir une prévalence représentative au niveau national de l’infection par le SARS-Cov-2 en fonction du niveau de consommation et des polyconsommations. Ensuite, nous examinerons si le risque d’être infecté par le SARS-CoV-2 en fonction de la consommation de substances pourrait être médié par le respect des mesures de barrière, les médicaments psychotropes, et/ou modéré par les conditions de vie et de travail pendant la pandémie, y compris la peur de la contamination. Le nombre de symptômes cliniques COVID-19 sera également examiné, ainsi que les hospitalisations et la durée des arrêts de travail extraite à partir des registres médico-administratifs.

  • Examiner les associations entre le vécu de la pandémie COVID-19 (c’est-à-dire la santé mentale, les conditions de vie et de travail, la peur de la contamination, l’infection par le SARS-Cov-2 et/ou celle d’un proche) et les changements dans les habitudes de consommation chez les usagers de substances psychoactives.

Après avoir examiné les changements dans le niveau de consommation de chaque substance séparément, la polyconsommation et le risque de rechute chez les anciens consommateurs seront étudiés. En ce qui concerne la consommation de benzodiazépines, trois indicateurs seront utilisés : la fréquence de consommation, la consommation continue pendant plus de trois mois et la dose totale journalière délivrée.

Pour atteindre ces deux objectifs, nous inclurons tous les participants de la cohorte CONSTANCES qui ont répondu à l’enquête SAPRIS (N=48 392). Les analyses statistiques seront effectuées à l’aide de régressions linéaires généralisées et de modélisations par équations structurelles. Toutes les analyses seront ajustées en fonction de l’âge, du sexe, de l’état de santé physique et mental avant la pandémie de COVID-19 et des facteurs sociodémographiques.

Le projet CONSONANCE aidera les responsables des politiques de santé publique à identifier les usagers de substances psychoactives les plus à risque de présenter une forme sévère de Sars-Cov-2, et qui devraient donc bénéficier d’un meilleur accès aux vaccins et aux traitements ainsi que d’une surveillance médicale. Une meilleure compréhension des mécanismes sous-jacents qui conduisent à des risques accrus de COVID-19 et de forme grave chez les consommateurs de substances sera utile pour adapter l’information et la prévention.

Le projet CONSONANCE aidera également les décideurs de santé publique et les cliniciens à accorder une attention particulière aux consommateurs de substances qui pourraient être plus enclins à subir les conséquences délétères de la pandémie de COVID-19 sur leur niveau de consommation de substances. 

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