Prévalence et déterminants des troubles visuels

Caractéristiques

Responsable scientifique C. Delcourt
Organisme de rattachement Inserm & Université de Bordeaux
Laboratoire / Lieu Centre de recherche Bordeaux Population Health, Bordeaux
Année de dépôt 2014
Type de projet Données uniquement

Contexte

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 285 millions de personnes sont atteintes de déficiences visuelles dans le monde, dont 39 millions atteintes de cécité. La vision étant impliquée dans la quasi-totalité des activités quotidiennes, les déficiences visuelles affectent considérablement la qualité de vie et entraînent des limitations d’activité, favorisant handicap et dépendance. Les déficiences visuelles résultent, d’une part, de troubles accommodatifs et réfractifs (presbytie, myopie, hypermétropie, astigmatisme), et, d’autre part, de maladies oculaires (notamment DMLA, cataracte, glaucome, rétinopathie diabétique). Malgré la fréquence importante des déficiences visuelles et leur impact considérable sur la qualité de vie, les connaissances épidémiologiques des déficiences visuelles restent limitées, au niveau international, et tout particulièrement en France. En particulier, il n’existe aucune donnée française récente sur la prévalence des déficiences visuelles chez les adultes de moins de 70 ans. Au niveau européen, 17 études (dont 3 françaises) ont inclus des mesures d’acuité visuelle chez environ 100 000 personnes au total.   Outre les aspects descriptifs, il est important d’identifier les principaux déterminants des déficiences visuelles, afin de développer des stratégies de santé publique (prévention, prise en charge, identification de groupes de population à haut risque). Certains facteurs sont bien connus pour être associés à un risque accru de maladies oculaires (diabète, tabagisme, exposition aux ultraviolets, faible consommation d’acides gras oméga 3 et d’antioxydants). Quelques études ont également suggéré un rôle potentiel des expositions professionnelles et environnementales, mais il n’existe dans ce domaine aucune étude de grande taille, comprenant à la fois des données ophtalmologiques objectives et des données détaillées sur les expositions professionnelles et environnementales. Très peu de données sont également disponibles sur les déterminants sociaux et les inégalités sociales vis-à-vis de la santé oculaire. 

Objectifs

Constances est une cohorte épidémiologique visant à la constitution d’un échantillon représentatif de 200000 adultes âgés de 18 à 69 ans à l’inclusion. Cette étude, qui inclut des mesures de l’acuité visuelle selon les standards internationaux, offre donc une opportunité exceptionnelle pour l’étude épidémiologique des déficiences visuelles dans notre pays. Le présent projet a pour objectif d’estimer la prévalence des déficiences visuelles dans l’étude Constances, et d’en identifier les principaux déterminants (mode de vie, comorbidités, expositions professionnelles et environnementales, facteurs sociaux). Les données étant recueillies dans le cadre de l’étude Constances, la demande de financement porte essentiellement sur le recrutement d’un doctorant qui sera entièrement affecté à ce projet (modalité 1 de l’appel d’offres). 

Méthodes

Les sujets éligibles sont tirés au sort dans le Répertoire national inter-régimes des bénéficiaires de l’Assurance maladie (RNIAM) apparié au Système National de Gestion des Carrières (SNGC). L’inclusion de l’ensemble de la cohorte s’effectue de façon graduelle sur une période de cinq ans. Le présent projet portera uniquement sur les données recueillies lors de la première vague (2012-2013), soit environ 30 000 sujets. Les données recueillies lors de l’examen d’inclusion incluent cinq questionnaires (mode de vie et santé, calendrier professionnel, santé des femmes, expositions professionnelles, bilan de santé), des examens paracliniques (dont l’acuité visuelle de près et de loin, réalisée suivant les standards internationaux), un bilan biologique ainsi que le géocodage des adresses.  Dans un premier temps, nous estimerons la prévalence, par âge, sexe et zone géographique, des déficiences visuelles et des principales maladies oculaires déclarées. En raison du faible taux de participation attendu (environ 10 %), des techniques de redressement seront utilisées pour l’estimation de ces prévalences dans la population française (modèles développés par l’équipe Constances). Dans un deuxième temps, nous étudierons les associations des déficiences visuelles (et maladies oculaires déclarées) avec le mode de vie, la comorbidité, les expositions professionnelles et environnementales et les facteurs sociaux, à l’aide de modèles logistiques multivariés. Le plan d’analyse statistique détaillé sera établi par le conseil scientifique multidisciplinaire de ce projet. 

Perspectives

Cette étude représente un changement d’échelle dans la connaissance épidémiologique des déficiences visuelles en France et en Europe. Au total, les nombreuses données recueillies concernant l’acuité visuelle, les maladies oculaires, le mode de vie, les expositions professionnelles et environnementales et les facteurs sociaux devraient permettre une avancée significative dans l’identification des principaux déterminants des déficiences visuelles. De telles études épidémiologiques sont indispensables pour définir des politiques de santé publique visant à la réduction des déficiences visuelles dans notre pays, par une amélioration de la prise en charge optique et ophtalmologique, ainsi que le développement de stratégies de prévention (par exemple diminution du tabagisme et de l’exposition aux ultraviolets, modifications des apports alimentaires au travers de recommandations et/ou de modifications de l’offre alimentaire, réglementation sur les expositions professionnelles ou environnementales). 

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