Rôle de la consommation de cannabis dans les comportements suicidaire

Caractéristiques

Responsable scientifique M. Melchior
Organisme de rattachement Inserm & Sorbonne Université
Laboratoire / Lieu Institut Pierre Louis d‘Épidémiologie et de Santé Publique, Paris
Année de dépôt 2023
Type de projet Données uniquement

Contexte

Les dernières années ont vu émerger nombre d’études sur les effets indésirables de la consommation de cannabis, qui a augmenté notamment en lien avec sa dépénalisation voire légalisation dans certains pays. Un effet nocif de la consommation de cannabis – en particulier si elle est de niveau élevé et chronique – sur la santé mentale a été montré, en particulier concernant les troubles psychotiques et anxio-dépressifs.

Plus récemment, certaines études se sont intéressées au lien entre consommation de cannabis et comportements suicidaires, aboutissant à des résultats suggérant une association avec un niveau de preuve modéré. Les raisons d’un tel lien sont complexes, alors que les comportements suicidaires peuvent prendre plusieurs formes (idées suicidaires, tentatives de suicide et suicides) et que la consommation de cannabis revêt elle aussi différentes expressions (consommation occasionnelle, régulière, voire conduite addictive). Si quelques études indiquent un effet différencié selon le niveau de consommation de cannabis, elles sont encore trop peu nombreuses pour arriver à une conclusion unique. Une méta-analyse récente conclut que les difficultés de mesure dans ce domaine sont un frein à l’identification d’un consensus sur la question, notamment à cause du manque d’analyses longitudinales. Le traitement approximatif des facteurs de confusion et des effets médiateurs y est également dénoncé. A titre d’exemple, les troubles dépressifs ont parfois été considérés comme un facteur de confusion, au risque d’éluder un chemin causal indirect entre cannabis, dépression et suicide. Par ailleurs, une liste de facteurs de confusion régulièrement omis est dressée, contenant notamment les événements négatifs de l’enfance. Enfin, le manque de prise en compte d’une potentielle causalité inverse tempère les résultats de la littérature existante.

Il semble manquer au sujet une approche relevant de l’épidémiologie sociale, capable de prendre en compte un certain nombre de facteurs de confusion tout en considérant les éventuels effets médiateurs. Plusieurs études pointent du doigt un possible effet de genre sur l’association entre cannabis et comportements suicidaires, mais le rôle médiateur de la situation sociale des personnes n’a pas à ce jour été étudié, alors qu’il existe des inégalités sociales marquées vis à-vis à la fois de la consommation de cannabis et du risque suicidaire.

En France, bien que les niveaux de consommation de cannabis et de suicide soient élevés par rapport à ceux observés dans d’autres pays industriels, il n’y a pas à date d’étude sur le sujet. Dans un contexte de débat sur la dépénalisation voire la légalisation du cannabis, les données permettant de documenter les conséquences de la consommation de cannabis sur la santé des personnes sont plus que jamais nécessaires.

Objectifs

 Les méthodes statistiques utilisées dans le projet incluront :

  • Analyses de survie: Les analyses de survie telles que les modèles à risques proportionnels de Cox permettent d’étudier la survenue d’un événement comme la première tentative de suicide ou le suicide dans un contexte longitudinal.
  • Analyses de survie multi-états: Similairement aux analyses de survie, les modèles multi-états permettent d’étudier la survenue d’un événement comme la tentative de suicide ou le suicide, en considérant la transition préalable vers un état considéré comme étant potentiellement intermédiaire, comme pourraient l’être les troubles anxieux et dépressifs. En d’autres termes, ils pourraient permettre de mettre en valeur le rôle de certains troubles comme médiateurs de la relation entre consommation de cannabis et comportements suicidaires.
  • Régressions logistiques: Les régressions logistiques peuvent permettre d’établir un lien entre une tentative de suicide et la consommation de cannabis au cours de la vie.
  • Cross-Lagged Panel Models: Les cross-lagged panel models (CLPM) sont un type de modèle à équations structurelles mettant en valeur la bidirectionnalité de l’association entre deux variables dans le temps. Ils peuvent permettre de comparer l’influence d’une variable A sur une variable B par rapport au sens inverse.

Perspectives

Les résultats des analyses feront l’objet d’au moins deux publications dans des revues scientifiques, conformément aux règles de l’école doctorale Pierre-Louis de santé publique (ED393). Les travaux de thèse pourront être présentés lors de congrès scientifiques de santé publique, psychiatrie, addictologie entre autres.

Informations réglementaires

Responsable de traitement

Le traitement des données est placé sous la responsabilité de la Sorbonne Université, responsable du traitement de données à caractère personnel, situé au 27 rue de Chaligny, 75 012 Paris - www.sorbonne-universite.fr.

Délégué à la protection des données

Pour la cohorte : Déléguée à la protection des données de l’Inserm, dpo@inserm.fr ou 101 rue de Tolbiac, 75 013 Paris / Pour le projet : Déléguée à la protection des données de la Sorbonne Université, dpd@sorbonne-universite.fr, 36 rue de l’école de médecine, 75006 Paris.

Base légale du traitement et recours à des données dites sensibles

Le traitement de données personnelles nécessaire à la mise en œuvre de cette étude répond à l’exécution d’une mission d’intérêt public dont est investi la Sorbonne Université et nécessite le traitement de données personnelles de santé à des fins de recherche scientifique.

Catégories de données concernées par les traitements

Les données médicales, de santé et de comportements (consommations de cannabis/alcool/tabac/e-cigarette, tentatives de suicide, perception de l’état de santé, troubles anxiodépressifs et bipolaires, troubles du comportement alimentaire, recours au soin, événements négatifs durant l’enfance, activité physique, séparations, décès et violences subies) et données socio-professionnelles (statut d’emploi, conditions de travail, difficultés financières).

Destinataires ou catégories de destinataires des données à caractère personnel

Dans le cadre de cette recherche, les données seront mises à disposition de la responsable du projet, directrice de recherche à l’Inserm (Institut public). Ce transfert est nécessaire à la réalisation des analyses statistiques menées par l’Equipe de Recherche en Epidémiologie Sociale (ERES), Institut Pierre Louis d’Epidémiologie et de Santé Publique (Iplesp), Sorbonne Université/Inserm.

Durée de conservation en base active des données à caractère personnel

Les données seront conservées dans les systèmes d’information sécurisés du CASD de juin 2024 à janvier 2029. Elles seront ensuite définitivement supprimées.

Droits des personnes concernées et modalités d’exercice de ces droits

Les données nécessaires à ce projet sont traitées conformément au Règlement général relatif à la protection des données « RGPD » (Règlement (UE) 2016/679 du Parlement européen et du Conseil du 27 avril 2016) et à la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés. L’ensemble des droits et les moyens pour exercer sont disponibles sur site Internet de la cohorte : https://www.constances.fr/ « Espace Volontaires » « Droits et protection des données ». Vous avez également la possibilité de vous adresser au responsable de traitement de ce projet, par l’intermédiaire de son/sa déléguée à la protection des données DPO (coordonnées indiquées ci-dessus).

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