Sommeil et productivité, dépression et activité physique

Caractéristiques

Responsable scientifique L. Rochaix
Organisme de rattachement Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Laboratoire / Lieu Paris
Année de dépôt 2017
Type de projet Données uniquement

Contexte

Notre âge de la technologie et de l’information est en particulier celui de la vie rapide. Les gens, surtout dans les pays développés, sont constamment sous l’injonction « d’utiliser au mieux leur temps ». Cela signifie qu’en un temps limité, ils devraient travailler, s’accomplir, voyager et faire le maximum possible. Dormir suffisamment ne semble pas faire partie de ce que la société moderne considère comme un mode de vie valorisé. Les données sur le sommeil montrent que les gens en France dorment 2 heures de moins qu’ils ne le faisaient 100 ans auparavant. Cette évolution du temps de sommeil résulte d’un changement sur la façon dont le sommeil est perçu. Dans le passé, le sommeil était considéré comme un besoin fixe, variant d’un individu à un autre. Au contraire, aujourd’hui le temps de sommeil est perçu comme un choix de l’individu. Les gens choisissent le temps qu’ils accordent au sommeil en fonction de ce à quoi ils doivent renoncer pour dormir. Dans ce cadre, Biddle et Hamermesh (1990) ont été les premiers à montrer que les gens étaient prêts à sacrifier leurs heures de sommeil pour de meilleurs salaires. Cette conclusion, à savoir que le temps de sommeil dépend de facteurs économiques, a été démontrée de nombreuses fois. 

Objectifs

Nous voulons comparer ces résultats au contexte français, et examiner le lien entre temps de sommeil et salaires dans la population française. De plus nous voudrions explorer le lien entre le sommeil et la dépression, ainsi qu’avec l’activité physique. La perturbation du sommeil n’est pas seulement un critère pour diagnostiquer la dépression sévère, de nombreuses études ont aussi montré qu’un sommeil réduit et une mauvaise qualité de sommeil sont des facteurs du développement de la dépression. 

Méthodes

Les volontaires de Constances sont interrogés sur leur santé et leur mode de vie, dont entre autres la santé perçue, l’activité physique, les habitudes alimentaires, la satisfaction dans la vie, les habitudes de sommeil et la qualité de vie. De plus les volontaires renseignent les horaires de travail, leur situation sociale et professionnelle, et leur histoire professionnelle. Un médecin renseigne leurs antécédents médicaux personnels et familiaux. Leur santé objective est mesurée grâce à des questionnaires administrés dans ces centres de santé. Constances permet de comprendre en profondeur les relations entre l’état de santé (objectif et subjectif), les expositions professionnelles (chimiques, biologiques et contraintes organisationnelles), et les revenus au cours de la carrière professionnelle et le salaire actuel. Les données de Constances nous permettront d’utiliser une méthode basée sur des variables instrumentales. D’abord on peut en extraire les variations du temps de sommeil en fonction de la localisation et de l’heure du coucher du soleil. Ces variations sont réputées ne pas être corrélées aux autres déterminants de la productivité, comme l’expérience, l’éducation et l’intelligence. De telles caractéristiques individuelles qui peuvent être liées au temps de sommeil choisi et à la productivité ne sont pas susceptibles de modifier l’estimation causale de l’approche par variables instrumentales. La relation ne sera pas modifiée par une causalité inverse. En conséquence la relation entre ces différences exogènes de temps de sommeil et salaires peut être appréhendée. 

Perspectives

Le sommeil et l’exercice physique sont des éléments essentiels de la santé mentale et émotionnelle. Pourtant peu d’individus bénéficient d’une quantité appropriée de l’un et l’autre. Nous proposons une nouvelle approche pour estimer l’impact du sommeil sur une série de variables d’intérêt pour l’épidémiologie et l’économie de la santé. Comprendre les relations entre le sommeil, la productivité, l’activité physique et la dépression, tout en contrôlant les facteurs de confusion potentiels, peut informer et persuader des décideurs publics de prendre à bras le corps ce qui a été décrit comme une épidémie de manque de sommeil. Grâce à une approche sur le coût des pathologies, nous pourrons quantifier les pertes économiques du manque de sommeil en France, en utilisant les estimations de l’impact du sommeil sur la productivité. Au-delà, une relation causale entre sommeil et dépression ainsi qu’activité physique démontrera que le manque de sommeil entraîne des conséquences monétaires pour la société ainsi que des coups en termes de bien-être et de santé pour les individus, et également une perte associée de productivité. Ces recherches inciteront à augmenter le temps de sommeil en informant sur les conséquences positives de temps de sommeil supplémentaires et par des politiques publiques allongeant la durée du sommeil. En braquant les projecteurs sur les diverses conséquences positives du sommeil, nous pourrons contribuer à ce que le regard sur le sommeil change : non pas une nécessité biologique ou une faiblesse, mais un investissement dans la santé, le bien-être et la performance. 

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