Asthme : Constances a sorti la calculette

Quel est le coût global des dépenses de santé des personnes atteintes d’asthme ? Publiée en janvier 2023 dans Respiratory Medecine, une étude reposant sur la cohorte Constances apporte des chiffres actualisés et solides. Connaître ces dépenses est essentiel pour envisager la place de nouveaux traitements et estimer le « fardeau » de cette maladie modulée, entre autres, par la qualité de l’air intérieur et extérieur.

En France, plus de 4 millions de personnes sont atteintes d’asthme. Cette maladie résulte de facteurs génétiques et de facteurs environnementaux comme la pollution de l’air (particules fines, fumée du tabac…) et les allergènes présents à l’intérieur des habitations (acariens, moisissures…) ou à l’extérieur (pollens…).

La soigner peut demander des traitements importants selon sa sévérité mais aussi engendrer d’autres dépenses liées à des maladies associées. Quel est le coût global des dépenses de santé pour les personnes asthmatiques ? Les données françaises sont rares et déjà anciennes. Menée sur la cohorte Constances, une étude soutenue par le laboratoire AstraZeneca s’est penchée sur la question en se basant sur les différents stades de traitement recommandés au niveau mondial par le GINA (Global Initiative for Asthma) pour déterminer la sévérité de la maladie.

Méthode suivie : l’appariement de volontaires

Les scientifiques se sont intéressés aux données de 162 725 volontaires inclus dans la cohorte entre 2012 et 2019. Parmi ces 162 725 volontaires, 6 783 ont été identifiés comme asthmatiques en 2019, dont :

  • 1 566 ne recevaient pas de traitement pour soigner leur asthme
  • 2 698 prenait un traitement GINA de stade 1 ou 2 (asthme léger)
  • 2 369 prenait un traitement GINA de stade 3 ou 4 (asthme modéré à sévère)
  • 153 prenait un traitement GINA de stade 5 (asthme sévère).

Afin de comparer le coût global des dépenses de santé, ces 6 783 volontaires ont été « appariés » à 6 783 participants « témoins », non asthmatiques mais aux caractéristiques semblables par ailleurs. Concrètement, chaque asthmatique était comparé à un non-asthmatique de même sexe, âge, région de résidence, niveau de précarité et année d’inclusion dans la cohorte.

Les chercheurs ont aussi déterminé les maladies « associées » à l’asthme. « Comparés aux sujets témoin, les sujets asthmatiques avaient une moins bonne fonction respiratoire, mais aussi plus de maladies cardio-vasculaires et plus de problèmes psychologiques, notamment des dépressions et des tentatives de suicide » indique Nicolas Roche, chef du Service de pneumologie de l’Hôpital Cochin (Paris) et professeur à l’Université Paris-Cité. L’activité physique était aussi moins importante chez les asthmatiques comparativement aux volontaires témoins et diminuait avec le niveau de traitement, indicateur de la sévérité de la maladie.

Augmentation des dépenses avec la sévérité de la maladie

Sans surprise, le coût des dépenses de santé augmente avec la sévérité de la maladie, et ce, tant en termes de consultations médicales ou d’achats de médicaments, que de dépenses hospitalières. Les dépenses pour les asthmatiques sévères (GINA 5) sont pratiquement 4 fois supérieures à celles des asthmatiques les moins sévères (GINA 1-2), avec notamment une forte augmentation des dépenses en médicaments et des dépenses hospitalières.

« Jusqu’à présent, les données sur le « fardeau » de l’asthme en France étaient rares et anciennes. Il est important de disposer de ces chiffres pour estimer, par exemple, l’intérêt des futurs traitements notamment pour les asthmatiques sévères » indique Nicolas Roche. Il est aussi important de disposer de ces données pour évaluer le coût sanitaire de la pollution atmosphérique et des autres facteurs impactant et aggravant cette maladie respiratoire dont la prévalence dans la population française est estimée entre 6,4 et 9,3 %.

Référence bibliographique :

Roche N, Nadif R, Fabry-Vendrand C, Pillot L, Thabut G, Teissier C, Bouée S, Goldberg M, Zins M. Asthma burden according to treatment steps in the French population-based cohort CONSTANCES. Respiratory Medicine (2023). DOI: 10.1016/j.rmed.2022.107057

Aller au contenu principal