Ces maladies métaboliques à l’âge adulte associées à un petit poids de naissance
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Chez les volontaires de la cohorte, naître avec un petit poids est significativement associé à des dérèglements métaboliques. Publiés dans Diabetes & Metabolism en décembre 2022, ces résultats confortent l’origine précoce de maladies de l’adulte.
Hypertension artérielle, diabète, syndrome métabolique… Ces maladies sont associées à des petits poids à la naissance chez les femmes et les hommes de la cohorte Constances. Pour le mettre en évidence, les chercheurs se sont basés sur les poids de naissance inscrits sur les carnets de santé et notés lors du premier bilan dans les centres d’examens de santé pour plus de 70 000 volontaires sur les 200 000 inclus dans Constances entre 2012 et 2020. En moyenne, le poids à la naissance était de 3,25 kg pour les femmes et de 3,39 kg pour les hommes de la cohorte.
« Nous avons aussi utilisé d’autres données issues de ce bilan de santé comme la tension artérielle et les résultats de l’analyse sanguine. Notre étude s’est basée également sur les réponses des volontaires aux questionnaires à l’inclusion et aux questionnaires de suivi » indique Coralie Amadou, médecin endocrinologue-diabétologue au Centre hospitalier sud francilien de Corbeil-Essonnes, chercheuse à l’Université Paris-Saclay qui a mené l’étude.
Zoom sur une vingtaine de problèmes de santé chroniques
Au total, les scientifiques se sont penchés sur une vingtaine de problèmes de santé chroniques. Pas les cancers, ni la maladie d’Alzheimer, car Constances est une cohorte composée en grande majorité de personnes en bonne santé et encore plutôt jeunes. Il n’y avait pas assez de cas.
Pour les femmes, les chercheurs ont aussi considéré leurs réponses des participantes au questionnaire « santé des femmes » afin de regarder s’il existait des associations entre le poids de naissance et une irrégularité des cycles hormonaux, le recours à procréation médicalement assistée (PMA) ou des règles douloureuses (dysménorrhée).
Les scientifiques ont trouvé que les femmes et les hommes de la cohorte dont le poids à la naissance était inférieur à 2,5 kg avaient un plus grand risque de développer certains problèmes de santé chroniques, par rapport aux personnes avec un poids de naissance « normal » : principalement des maladies métaboliques (diabète, taux élevé de triglycérides sanguins (hypertriglycéridémie), syndrome métabolique, LDL cholestérol élevé…) ou en lien, comme l’hypertension artérielle.
Le concept des origines précoces de la santé et des maladies
Ces résultats sont en concordance avec le concept des origines précoces de la santé et des maladies, aussi appelé DOHaD (pour Developmental Origins of Health and Diseases). Développé depuis les années 1980, ce concept repose sur l’hypothèse que l’exposition du fœtus — ou du très jeune enfant — à un environnement défavorable conduirait à des mécanismes d’adaptation qui favorisent la survie immédiate mais qui, à long terme, produiraient des effets délétères et une susceptibilité accrue au développement de certaines pathologies.
« Notre étude confirme que le concept de la DOHaD s’applique en particulier aux maladies métaboliques. Plusieurs hypothèses peuvent l’expliquer. La principale repose sur une résistance à l’insuline des cellules adipeuses (= graisseuses) en lien avec une formation imparfaite de ces cellules lors du développement fœtal, ou avec un rattrapage pondéral précoce suite à une prématurité qui pourrait produire une graisse de mauvaise qualité en quelque sorte. Résultat : un tissu adipeux défectueux » explique Coralie Amadou.
L’équipe a aussi mis en évidence l’association d’un petit poids de naissance avec :
- l’asthme chez les femmes,
- la maladie du « foie gras » (aussi appelé NAFLD pour « Non alcoholic fatty liver disease » ou en français « Stéatose hépatique non alcoolique ») chez les hommes,
- les symptômes d’anxiété chez les femmes et les hommes,
- les symptômes dépressifs chez les hommes.
Tout n’est pas figé !
Les chercheurs ont également regardé si le niveau d’éducation avait une influence sur les associations entre petits poids de naissances et dysfonctionnements métaboliques. «Notre analyse montre que les personnes avec un petit poids de naissance qui ont décroché leur bac ont moins de chance d’avoir des problèmes de santé chroniques que les personnes avec un petit poids de naissance mais qui n’ont pas le bac. Nous pensons que c’est relié au fait que les personnes avec un niveau d’éducation plus important ont généralement une meilleure alimentation, pratiquent davantage d’activité physique… »
Et pour les gros poids de naissance ?
Les femmes avec un poids de naissance supérieur à 4 kg avaient significativement :
- moins de risques de symptômes allergiques ou atopiques, d’hypertension artérielle, d’asthme, d’arthrite inflammatoire auto-immune et de règles douloureuses,
- plus de risques d’obésité, d’obésité abdominale et de maladie « du foie gras » (NAFLD).
Les hommes avec un poids de naissance supérieur à 4 kg avaient significativement :
- moins de risques d‘avoir des lipides élevés dans le sang (triglycérides ou LDL cholestérol), moins d’hyperglycémie à jeun ou de diabète, et moins de symptômes allergiques ou atopiques,
- plus de risques d’obésité, notamment d’obésité abdominale,
- mais globalement plus de chances d’avoir une bonne condition de santé.
« Ces résultats montrent un risque plus élevé d’obésité, mais sans risque de certaines pathologies qui y sont généralement associées : hypertension artérielle, anomalies lipidiques, hyperglycémie… Les gros poids de naissance sont ainsi associés dans Constances à un risque d’obésité dite ’’métaboliquement saine’’» souligne Coralie Amadou.
En 2022, grâce à une modélisation et une analyse d’une grande puissance statistique, Coralie Amadou a montré que les volontaires de Constances avec un petit ou un gros poids à la naissance ont une probabilité plus forte d’avoir la maladie du « foie gras » (NAFLD). En savoir plus.
Référence bibliographique :
Amadou C, Heude B, de Lauzon-Guillain B, Lioret S, Descarpentrie A, Ribet C, Zins M, Charles MA. Early origins of metabolic and overall health in young adults: an outcome-wide analysis in a general cohort population. Diabetes & Metabolism (2023), 49(2):101414. doi: 10.1016/j.diabet.2022.101414.