Risque accru de maladies hépatiques pour les volontaires avec un très faible taux de « mauvais cholestérol »

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Une étude menée sur les 220 000 volontaires de Constances et les 500 000 participants de la cohorte UK Biobank montre que les personnes avec un très faible taux de cholestérol LDL (d’origine génétique) ont entre 2 et 10 fois plus de risque de développer des cirrhoses, cancers du foie et complications hépatiques que les personnes avec un taux normal. Ces résultats, inédits sur une population de cette taille, ont été publiés le 6 février 2024 dans Journal of Hepatology.

C’est bien connu : avoir un fort taux de cholestérol LDL est mauvais pour la santé en raison de risques cardiovasculaires. Mais avoir naturellement un très faible taux de « mauvais cholestérol » est aussi problématique, entraînant des maladies appelées hypobêtalipoprotéinémies (HBL). Ce groupe de maladies du métabolisme est caractérisé par de très faibles concentrations dans le sang de cholestérol LDL, sous le seuil du 5ème percentile pour l’âge et le sexe dans la population, et ce sans la prise de médicaments hypolipémiants tels que les statines.

Des études ont déjà montré que les personnes avec une HBL d’origine génétique peuvent voir apparaître, à l’âge adulte, différents troubles : stéatose hépatique, rétinopathie, carences vitaminiques. A l’inverse, ces personnes sont protégées des événements cardiovasculaires. Toutefois, les données sur les conséquences à long terme d’un faible taux de cholestérol LDL demeurent peu explorées, en raison notamment du fait que les personnes atteintes sont peu recensées et suivies.

Une étude franco-britannique

Surnommé HYPOBETA, un projet de recherche emmené par le Pr Bertrand Cariou, endocrinologue au CHU de Nantes, s’intéresse depuis 2020 aux prévalences (c’est-à-dire aux pourcentages de cas connus) et aux incidences (apparition de nouveaux cas) de maladies associées à une HBL. Les premiers résultats portant sur les impacts sur le foie de l’HBL ont été publiés le 6 février 2024 dans Journal of Hepatology. L’équipe de chercheurs a utilisé les données des 220 000 volontaires de Constances et de 500 000 volontaires de la cohorte anglaise UK Biobank (UKBB) pour ainsi constituer la plus grande étude jamais menée sur le sujet.

Premier auteur de l’article, Matthieu Wargny a comparé l’apparition de maladies hépatiques chez les volontaires HBL par rapport aux volontaires avec des taux normaux de cholestérol LDL. A noter que le couplage des données de Constances avec les données issues des bases de l’Assurance Maladie (SNDS) a permis d’exclure de l’analyse les volontaires prenant des médicaments faisant baisser le taux de cholestérol dans le sang, notamment les statines.


Au final, il est apparu que les volontaires de Constances avaient entre 2 et 10 fois plus de risque de développer une cirrhose, un cancer du foie ou d’autres complications hépatiques que les volontaires avec un taux normal de cholestérol LDL. Ces sur-risques ont été observés en prenant en compte les facteurs de risque classiques de ces maladies du foie, à savoir : état d’obésité, consommation d’alcool à risque, diabète sucré, antécédent d’hépatite virale.

« Nous tenons à remercier les volontaires de Constances pour leur participation qui nous permet de mieux comprendre les conséquences à long terme d’un taux bas de mauvais cholestérol d’origine génétique. En effet, nous savions que ces personnes étaient protégées vis-à-vis du risque d’accidents cardiovasculaire, mais nous soulignons ici l’intérêt d’un suivi hépatologique spécifique dans cette population afin de dépister précocement d’éventuelles maladies du foie comme la cirrhose ou le cancer » conclut le Pr Bertrand Cariou.

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