Travail de nuit et horaires atypiques : quels liens avec les maladies cardiovasculaires et les cancers ?

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Aujourd’hui, près d’un français sur 5 et une française sur 10 travaillent de nuit. Ce travail à horaires non standard a-t-il des effets sur la santé ? Deux études distinctes, menées dans la cohorte Constances, débuteront fin 2018 et début 2019 afin de considérer les associations avec les maladies cardiovasculaires ischémiques et les cancers.

Travail de nuit et maladies cardiovasculaires

Mené par l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), le 1er projet baptisé CVTN est principalement focalisé sur les accidents vasculaires cérébraux, l’infarctus du myocarde et l’angine de poitrine. « A notre connaissance, aucune étude en France n’a, à ce jour, examiné le lien entre les maladies cardiovasculaires ischémiques et le travail de nuit en raison de la nature plurifactorielle de ces maladies et de l’importance des facteurs comportementaux. Or le travail de nuit, en perturbant un certain nombre de rythmes biologiques circadiens, dont celui de la mélatonine – ‘’l’hormone du sommeil’’, serait à l’origine de désynchronisation chronique et source de multiples désordres métaboliques, favorable au final, au développement de l’athérosclérose (l’accumulation de corps gras sur les parois des artères, NDLR). Grâce à Constances, nous allons pouvoir mener la première étude prospective sur le sujet en France » explique Stéphanie Boini, chercheuse de l’INRS et coordinatrice du projet. Au total, près de 3 000 volontaires de la cohorte recevront un questionnaire papier lors de 4 vagues d’envoi prévues entre décembre 2018 et fin 2021 afin de connaître précisément leurs horaires de travail sur l’ensemble de leur carrière professionnelle et la qualité de leur sommeil.

Horaires de travail atypiques et cancers

Mené par Pascal Guénel et Florence Menegaux – tous deux chercheurs Inserm au Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations, le projet C3-Nuit s’intéresse aux effets des perturbations du rythme veille/sommeil (ou rythme circadien) dans la survenue de cancers du sein, de la prostate, de l’endomètre, de l’ovaire, du côlon-rectum et des lymphomes. En 2007, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé le travail de nuit et posté comme probablement cancérogène, mais les effets des différents modes d’organisation du travail ne sont pas clairement élucidés.

« Grâce à Constances, nous pourrons intégrer, dans une même étude, des personnes exerçant dans une grande variété de secteurs d’activité et ayant des horaires de travail très divers. Nous allons considérer le travail de nuit mais aussi les autres formes d’horaires de travail atypiques, par exemple des personnes exerçant en horaires alternants ou irréguliers » indique Régine Billmann, chef de projet Inserm de C3-Nuit.

Début 2019, 500 volontaires de Constances seront contactés par téléphone pour connaître précisément leurs horaires de travail, suivant les mêmes questions que le projet CVTN. D’autres volontaires seront intégrés à l’étude jusqu’en 2021 afin d’atteindre un total de 4 500 participants. « Lors de ces entretiens téléphoniques, nous allons aussi proposer aux volontaires de Constances de recueillir leur salive à l’aide d’un kit de prélèvement qui sera envoyé par courrier. Ce prélèvement permettra d’étudier l’existence, ou non, de facteurs génétiques qui pourraient rendre certains individus plus susceptibles de développer des maladies lorsque le rythme circadien est perturbé » ajoute la chef de projet.

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