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Forte augmentation de la prévalence de l’obésité chez les jeunes adultes

Modifié le 13/09/2021

La prévalence de l’obésité chez les jeunes adultes (18-29 ans) a augmenté de 93 % chez les hommes et de 50 % chez les femmes entre 2013 et 2016. Publiée dans Scientific reports en juillet 2021, cette explosion alarmante doit inciter à des mesures de santé publique.

Les années passant, la cohorte Constances prend de plus en plus d’intérêt. Une équipe a étudié l’évolution de la prévalence de l’obésité au sein de la population Française entre 2013 et 2016 à partir de l’indice de masse corporelle (IMC = Poids / Taille2) de volontaires de Constances.

L’analyse a consisté à utiliser chaque année d’inclusion de participants dans la cohorte comme un échantillon indépendant, avec des poids et tailles issus des bilans réalisés dans les Centres d’examens de santé avec des appareils semblables et régulièrement vérifiés (des mesures donc, et non du déclaratif). Une pondération sur la non-réponse de participation à la cohorte, ainsi qu’une calibration sur l’âge et le sexe de la structure de la population Française basée sur les données INSEE de 2016 a permis d’extrapoler les prévalences au niveau national.

Augmentation de la prévalence de l’obésité

Sur 4 ans, la prévalence de l’obésité de classe I (30 ≤ IMC < 35) a augmenté de manière significative chez les femmes passant de 9,1 à 10,6 % et chez les hommes passant de 10,7 à 12,3 %. Aucune augmentation significative concernant l’obésité de classe II (35 ≤ IMC < 40), ni celle de classe III (IMC ≥ 40) n’ont été décelées.

En regardant au niveau des classes d’âge, la progression de l’obésité de classe I est significative chez les jeunes adultes (18-29 ans). « C’est alarmant. Pour les jeunes femmes, nous trouvons une augmentation de + 50 % ; pour jeunes hommes, une augmentation de + 93 %, soit quasiment un doublement de la population touchée » souligne Joane Matta, épidémiologiste à l’UMS 11. Différentes hypothèses sont avancées pour expliquer cette explosion, mais avant tout la sédentarité en lien avec une baisse de l’activité physique notamment dans les classes sociales les plus défavorisées.

Importance du milieu socio-économique

Au niveau social, les prévalences sont très fortement corrélées avec une obésité 4 fois plus élevée chez les personnes sans diplôme que chez les personnes avec un bac + 5 (30 % vs. 7 %). « L’obésité est très fortement supérieure chez les personnes avec un faible niveau d’éducation et de revenu, même après ajustement sur l’âge, le sexe, l’activité physique et le statut tabagique. Plusieurs raisons peuvent expliquer ces associations comme le stress psychosocial et un manque d’accès à une alimentation saine » explique la chercheuse.

Surtout, aucune évolution temporelle significative de la prévalence pour les différentes classes sociales n’existe entre 2013 et 2016. L’obésité demeure donc plus élevée dans les classes sociales les moins aisées et plus faible parmi les plus privilégiées, sans changement de pente à la baisse sous l’effet de politiques publiques. L’étude sera enrichie dans les années à venir en incluant les volontaires de 2017 à 2020, permettant alors une analyse d’évolution sur 7 ans.



Référence bibliographique :
Czernichow S, Renuy A, Rives-Lange C, Carette C, Airagnes G, Wiernik E, Ozguler A, Kab S, Goldberg M, Zins M, Matta J. Evolution of the prevalence of obesity in the adult French population in France, 2013-2016: the Constances study. Sci Rep. 2021 Jul 8;11(1):14152. doi:10.1038/s41598-021-93432-0.