COPER, une étude « à domicile » sur le COVID-Long
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Plus de 800 volontaires de Constances participent à l’étude COPER sur le COVID-Long. La moitié ont déjà reçu la visite d’infirmiers et infirmières à domicile pour recueillir des échantillons biologiques. Trois questions à Olivier Robineau, médecin au centre hospitalier de Tourcoing, chercheur à l’Inserm et coordinateur de cette étude unique en population générale.
Quels sont les objectifs de COPER ?
Olivier Robineau : L’objectif de l’étude COPER est de mieux comprendre les conséquences à long terme de l’infection par SARS-CoV-2 et notamment de la forme communément appelée « COVID-Long ». Constances s’est très tôt intéressée à ce sujet. Certains patients se plaignent en effet de la persistance de symptômes au-delà d’un mois : fatigue, douleurs, essoufflement, problèmes de mémoire ou de concentration… Pour l’heure, les causes de ces plaintes persistantes ne sont pas connues. Elles peuvent être de plusieurs origines, dont des prédispositions génétiques, des anomalies de la réponse immunitaire ou des prédispositions psychologiques. Avec l’étude COPER, nous allons nous intéresser à toutes ces causes possibles.
Comment avez-vous choisi les volontaires de Constances ?
Olivier Robineau : Notre objectif était d’avoir 1 200 volontaires de 3 cohortes – Constances mais aussi Nutrinet-Santé et l’étude E4N – répartis dans 4 groupes afin de pouvoir comparer :
- des personnes ayant fait la COVID-19 avec des symptômes qui n’ont pas duré longtemps ;
- des personnes ayant fait la COVID-19 avec des symptômes persistant plus de 2 mois et toujours présents au printemps 2022 ;
- des personnes ayant fait une infection par le SARS-CoV-2 et qui n’ont pas présenté de symptômes ;
- des personnes n’ayant pas fait d’infection par le SARS-CoV-2.
L’équipe Constances a contacté par mail des centaines de volontaires tirés au sort parmi ces 4 groupes. Le fait d’avoir été infecté ou pas était basé sur les déclarations des participants et sur les tests sérologiques réalisés au laboratoire de Marseille de Xavier de Lamballerie à partir des auto-prélèvements sanguins réalisés l’été dernier. Plus de 800 volontaires de Constances ont accepté de participer, c’est-à-dire de répondre à des questionnaires mais aussi de recevoir à domicile la visite d’une équipe d’infirmiers.
Pourquoi ces visites à domicile ?
Olivier Robineau : Ces visites permettent de recueillir des échantillons de sang, d’urine et de salive selon des protocoles bien précis, notamment en termes de conservation. Dans les prélèvements sanguins, nous allons rechercher des protéines de l’inflammation et regarder s’il existe un lien entre certaines anomalies et la persistance de symptômes. Nous allons aussi refaire des sérologies en recherchant des anticorps bien précis selon les différents variants. Il y a un vrai challenge car l’épidémie n’est pas terminée – l’essor du variant BA.5 nous le prouve. Dans les échantillons d’urine, nous pourrons rechercher toute une série de métabolites qui sont des indicateurs de la diversité des micro-organismes de nos intestins. Des analyses génétiques seront réalisées sur les prélèvements de salive, si le volontaire les a acceptées.
Lors de ces visites, il est aussi proposé aux volontaires de compléter un questionnaire d’évaluation neurologique afin d’identifier de possibles troubles de mémorisation, de concentration, d’attention…
Actuellement une vingtaine d’équipes d’infirmiers et infirmières parcourent la France pour rencontrer les 1 200 participants. C’est une logistique assez incroyable que nous avons dû mettre en place, très rarement mise en place dans la recherche publique et encore moins dans une étude en population générale.
Une deuxième campagne de recueil de données et de prélèvements biologiques est prévue au début de l’année 2023 en vue d’évaluer l’évolution des différents marqueurs sur une plus longue période. Tous les échantillons prélevés seront conservés au maximum pendant 20 ans à la Fondation Jean-Dausset. Ils constitueront une « biobanque COVID » unique et seront proposés à d’autres chercheurs qui s’intéressent au phénomène « COVID-Long ». Trois équipes sont déjà intéressées. Sur le plus long terme, ces prélèvements pourront être utilisés pour répondre à d’autres questions scientifiques sur les coronavirus. D’autres technologies pourront permettre de faire de nouvelles recherches sur de nouvelles hypothèses. Notre organisation totalement novatrice et la participation altruiste des volontaires, que je tiens à remercier, doit servir à d’autres.
L'étude COPER (acronyme de COvid PERsistant) est menée au sein du projet SAPRIS, promu par l’INSERM. Elle a le soutien financier des ministères en charge de la santé et de la recherche.
COPER, c’est actuellement une collaboration entre 6 équipes de recherche :
- Institut Pierre Louis d'épidémiologie et de santé publique (UMRS 1136) du Fabrice Carrat et d’Olivier Robineau, CHU Saint Antoine, Paris ;
- Unité des virus émergents (Université d’Aix-Marseille, IRD190, Inserm 1207) de Xavier de Lamballerie (tests sérologiques) ;
- Institut Mondor de recherche biomédicale (U955 Inserm / Université Paris Est Créteil, UPEC) sous la coordination de Jean-Daniel Lelièvre (dosage des protéines de l’inflammation) ;
- Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (UMR U1018 / Inserm, Université Paris-Saclay) avec la participation de Gianluca Severi ;
- Equipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle du CRESS (UMR U1153 / Inserm / U1125 Inrae / Cnam / Université Paris 13 - Sorbonne Paris Nord) représentée par Mathilde Touvier ;
- Unité cohortes épidémiologiques en population (UMS 11 / Inserm Paris Saclay, Université de Paris) avec Marie Zins (Constances).
D’autres équipes devraient se joindre à ce consortium pour développer des projets de recherche spécifiques.