Santé bucco-dentaire : un tiers de la population française concernée par des parodontites sévères
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Une étude menée par l’équipe Constances, en collaboration avec des cliniciens et des scientifiques spécialisés, montre que 32 % de la population française adulte serait concernée par des parodontites sévères, c’est-à-dire par des maladies touchant les gencives et potentiellement l’os.
La parodontite est une inflammation du parodonte, c’est-à-dire des tissus de soutien des dents : gencives, ligaments et os. Grâce aux données de Constances, il a été possible de déterminer la prévalence (la fréquence) de cette maladie dans la population française adulte (18-69 ans) et d’examiner sa répartition selon le sexe, l’âge, le niveau socio-économique ou encore certaines habitudes de vie.
Questionnaire « santé dentaire »
Menée par l’équipe Constances, l’étude repose sur le questionnaire de suivi de 2017 qui comportait une section spécifique sur la santé bucco-dentaire. Les chercheurs ont évalué le risque de parodontite sévère en calculant un « score de dépistage parodontal » (en anglais PESS pour « periodontal screening score ») pour 19 859 volontaires invités dans la cohorte en 2013 ou 2014, via leurs réponses à 5 questions spécifiques (voir visuel ci-dessous).
Ce score, qui prend également en compte l’âge et le statut tabagique, a été développé aux États-Unis (Centers for Disease Control and Prevention/American Academy of Periodontology) et validé en France, notamment en comparant les réponses données à un examen clinique (Carra et al., 2018).
Lorsque le score de dépistage parodontal était supérieur ou égal à 5 (sur une échelle allant jusqu’à 13), les personnes étaient considérées à risque d’être atteintes d’une parodontite sévère. Enfin, les résultats obtenus sur Constances ont été extrapolés à la population générale française par des méthodes statistiques adaptées.
Des effets de l’âge, de la cigarette, de l’alcool et du niveau socio-économique
Selon ces critères, les chercheurs ont diagnostiqué 7 106 volontaires de Constances à risque de parodontite sévère, ce qui correspond à une prévalence dans la population française de 31,6 %. Comme attendu, un fort impact de l’âge a été détecté. Ainsi, si seulement 3,2 % des Françaises et Français de moins de 40 ans seraient concernées par un risque de parodontite sévère, ce pourcentage grimpe à 21,3 % pour les personnes entre 40 et 55 ans, et à 66 % pour les personnes de 55 ans et plus.
Aucun effet du sexe n’a été identifié : les femmes et les hommes sont autant sujets à la parodontite sévère.
Les chercheurs ont par contre trouvé un fort effet du niveau socio-économique et du niveau d’éducation. Ainsi, 41,2 % des personnes avec un faible niveau d’éducation seraient sujettes à une parodontite sévère contre 18,9 % pour les personnes avec un niveau d’éducation élevé.
Consommer de l’alcool de manière excessive et fumer des cigarettes augmentent aussi le risque de parodontite de manière importante.
« De façon surprenante, nous avons trouvé que moins de 20 % des volontaires à risque de parodontite sévère pensaient avoir une maladie des gencives. Et ce alors que 50 % d’entre eux indiquaient être allés chez un dentiste dans les 6 mois auparavant. Cela suggère qu’en plus d’être fréquente en France, la parodontite sévère est méconnue et potentiellement sous-diagnostiquée » indique Emmanuel Wiernik, chercheur au sein de l’équipe Constances qui a conduit l’étude publiée le 02 mars 2024 dans la revue Journal of Clinical Periodontology.
Santé bucco-dentaire, troubles du sommeil et maladies cardiovasculaires
Ces premiers résultats sur les maladies parodontales font partie d’un vaste programme de recherche hospitalo-universitaire appelé iVASC qui vise à étudier des facteurs méconnus de risque cardiovasculaire. Plusieurs projets sont basés sur les données de Constances. L’objectif du projet iVASC-1 est d’évaluer la prévalence de la parodontite et son association avec la survenue ultérieure d’événements athérothrombotiques (infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral, décès d’origine cardiovasculaire). L’objectif du projet iVASC-2 est d’estimer la prévalence des apnées du sommeil et son association avec les événements athérothrombotiques ultérieurs.
Références bibliographiques :
Emmanuel Wiernik, Adeline Renuy, Sofiane Kab, Philippe Gabriel Steg, Marcel Goldberg, Marie Zins, Giuseppina Caligiuri, Philippe Bouchard, Maria Clotilde Carra (2024). Prevalence of self-reported severe periodontitis: Data from the population-based CONSTANCES cohort. Journal of Clinical Periodontology. DOI: https://doi.org/10.1111/jcpe.13969.
Maria Clotilde Carra, Alice Gueguen, Frédérique Thomas, Bruno Pannier, Giuseppina Caligiuri, Philippe Gabriel Steg, Marie Zins, Philippe Bouchard (2018). Self-report assessment of severe periodontitis: Periodontal screening score development. Journal of Clinical Periodontology, 45(7), 818–831. DOI: https://doi.org/10.1111/jcpe.12899.