Étude des effets des expositions au bruit professionnel sur la santé auditive et extra-auditive

Caractéristiques

Responsable scientifique E. Fort
Organisme de rattachement Université de Lyon & Université Gustave Eiffel
Laboratoire / Lieu Unité Mixte de Recherche Épidémiologique et de Surveillance « Transports, Travail et Environnement », Lyon
Année de dépôt 2024
Type de projet Données uniquement

Contexte

De nombreuses publications scientifiques internationales ont montré un lien entre l’exposition professionnelle au bruit et la perte de l’audition (Themann et Masterson 2019). Ainsi, on estime que l’exposition au bruit au travail est à l’origine de 7 à 21 % des pertes auditives enregistrées dans le monde (Lie et al. 2016). En France, en 2022, la surdité professionnelle était la 5ème cause de pathologie reconnue au titre des maladies professionnelles pour les salariés des entreprises, hors agricoles (Caisse nationale de l’Assurance Maladie 2023). En France, chez les 18-75 ans, la prévalence de la perte auditive est estimée à 24,8%, variant selon le genre et l’âge, et la prévalence de la perte auditive invalidante à 4,3% (Lisan et al. 2022) (projet: Prévalence de la déficience auditive dans la population générale). Hormis le déficit auditif lié au bruit lésionnel, d’autres manifestations peuvent survenir suite à une exposition au bruit notamment professionnel (stress, troubles cardiovasculaires, hypertension, etc.) (Evrard et al., 2015).

Objectifs

Le projet que nous proposons porte sur la perte auditive et l’exposition professionnelle au bruit dans la cohorte Constances et se compose de quatre grands objectifs :

  • Documenter la perte auditive moyenne (PAM) dans la population des travailleurs et des retraités de Constances, à partir des données audiométriques collectées, selon plusieurs indicateurs décrits dans la partie Méthode, et selon la profession (PCS) et le secteur d’activité (NAF), par genre, et par classe d’âge. Une analyse des données de la perte auditive moyenne à l’inclusion et lors du suivi à 4 ans et à 8 ans sera également réalisée.
  • Evaluer l’exposition au bruit professionnel par croisement des données d’emplois avec la matrice emplois-expositions réalisée par Santé publique France et l’Unité Mixte de Recherche Épidémiologique et de Surveillance des Transports, Travail et Environnement (Umrestte) et par l’exploitation des réponses collectées sur les 2 questions se rapportant au bruit professionnel. Une évaluation de la cohérence entre la matrice et le déclaratif des individus sera également réalisée. Enfin, une analyse des divergences sera faite à partir des autres variables du questionnaire à l’inclusion. Des descriptions de l’exposition au bruit professionnel seront ensuite réalisées en fonction des paramètres classiques (genre, âge, PCS, NAF).
  • Evaluer les effets auditifs et extra-auditifs du bruit professionnel. En effet, de nombreuses études ont mis en évidence un lien entre l’exposition au bruit et des effets sur la santé. Il sera essentiel de prendre en compte d’autres facteurs de risque de ces pathologies comme notamment le travail posté, les horaires décalés et le travail de nuit qui peut être lié à l’exposition au bruit et aux effets sur la santé. Pour cela, certains items du questionnaire complémentaire implémenté en 2016 dans le cadre du projet de recherche intitulé « Rôle du travail de nuit, du travail posté et cancers » seront un atout dans notre projet.
  • Prendre en compte les autres expositions professionnelles ototoxiques. En effet, l’exposition professionnelle à certains produits ototoxiques peut être en cause et aggraver l’effet du bruit sur la perte de l’audition : solvants organiques, monoxyde de carbone et acide cyanhydrique. La matrice emplois-expositions aux solvants de Santé publique France et les variables déclaratives du questionnaire permettront des ajustements. Enfin, certains médicaments pour traiter un cancer sont ototoxiques, une prise en compte de leur consommation sera effectuée à partir de l’accès aux données issues de la plateforme de validation de diagnostic de cancers.

Méthodes

  • La population d’étude sera l’ensemble des participants à la cohorte Constances à l’inclusion et l’ensemble des participants aux suivis à T1 à 4 ans et T2 à 8 ans.
  • Trois indicateurs seront étudiés en considérant l’ensemble des travailleurs à l’inclusion (travailleurs actuels et retraités) et seront recalculés aux différents points de suivi :
    • La moyenne de la tonalité pure (PTA : pure tone average) qui est la moyenne pour chaque oreille sur les fréquences : 500 Hz, 1 000 Hz, 2 000 HZ et 4 000 Hz ;
    • Le déficit moyen en audiométrie tonale (DT) qui est la moyenne pondérée pour chaque oreille sur les fréquences : 500 Hz, 1 000 Hz, 2 000 HZ et 4 000 Hz selon la formule : (2 x (500 Hz) + 4 x (1 000 Hz) +3 x (2 000 Hz) +1 x (4 000 Hz)) / 10 ;
    • Le taux d’incapacité (valeur allant de 0 à 80%) et la proportion de personnes présentant un taux d’incapacité pour différents seuils à partir de l’indicateur PTA.
  • Les analyses statistiques seront effectuées globalement, par genre et classes d’âge. Les moyennes et intervalles de confiance à 95% de la perte auditive (selon plusieurs indicateurs) seront produits selon la profession (PCS2003) et le secteur d’activité (NAF2008) et par genre. La proportion et l’intervalle de confiance à 95% de l’incapacité due à la perte auditive sera également produite selon la profession (PCS2003) et le secteur d’activité (NAF2008) et par genre. Les analyses seront réalisées à un niveau à 2 digits pour la NAF2008 (NAF2) et à un niveau à 2 et 4 digits pour la PCS2003 (PCS2 et PCS4), par genre, et classes d’âge.
  • Une comparaison selon la valeur attendue de la perte auditive selon la norme AFNOR sera faite (NF EN ISO 7029 avril 2017 : Distribution statistique des seuils d’audition en fonction de l’âge et du sexe).
  • L’indicateur PTA pourra également être classé selon la classification audiométrique des déficiences auditives du Bureau International d’Audiophonologie (BIAP) (Bureau International d’Audiophonologie,, 2017) et être traitée en tant que variable qualitative. 6 catégories (avec 7 sous catégories) ont été identifiées par le BIAP : Audition normale ou subnormale (PTA<20 dB), Déficience auditive légère (PTA compris entre 21 dB et 40 dB), Déficience auditive moyenne (Premier degré : PTA compris entre 41 et 55 dB, Deuxième degré PTA compris entre 41 et 55 dB), Déficience auditive sévère (Premier degré : PTA compris entre 71 et 80 dB, Deuxième degré : 81 et 90 dB), Déficience auditive profonde (Premier degré PTA compris entre 91 et 100 dB, Deuxième degré PTA compris entre 101 et 110 dB, Troisième degré PTA compris entre 111 et 119 dB), et Déficience auditive totale – Cophose (PTA>120 dB). Des fréquences et intervalles de confiance à 95% seront alors produits selon la profession (PCS2003) et le secteur d’activité (NAF2008), par genre, et classes d’âges.

Perspectives

Ce projet permettra de caractériser la perte auditive selon la profession et le secteur d’activité. L’exposition professionnelle au bruit des salariés, estimé par croisement avec la MEE au bruit sera, après analyse selon le sexe, la profession, le secteur d’activité, une aide à la prévention de ce risque professionnel. L’évaluation des effets auditifs et extra-auditifs du bruit professionnel sera essentiel dans l’apport des connaissances sur ce sujet. En effet, l’exposition au bruit est d’une manière globale associée à certains effets sur la santé (étude DEBATS). Il est primordial de mieux connaitre l’effet de l’exposition au bruit professionnel sur la santé.

Informations réglementaires

Responsable de traitement

Le traitement des données à caractère personnel est placé sous la responsabilité de l’Université Claude Bernard Lyon 1 situé au 43, boulevard du 11 novembre 1918, 69100 Villeurbanne.

Délégué à la protection des données

Pour la cohorte : Déléguée à la protection des données de l’Inserm, dpo@inserm.fr ou 101 rue de Tolbiac, 75 013 Paris / Pour l’étude : Déléguée à la protection des données de Lyon 1, Cabinet xDPO, dpo.BruiSaCo@univ-lyon1.fr

Base légale du traitement et recours à des données dites sensibles

Le traitement de données personnelles nécessaire à la mise en œuvre de cette étude répond à l’exécution d’une mission d’intérêt public dont est investie : l’Université Claude Bernard Lyon 1, et nécessite le traitement de données personnelles de santé à des fins de recherche scientifique.

Catégories de données concernées par les traitements

Données socio-démographiques, données de santé et relatives à la santé, données socioéconomiques, données liées à la vie professionnelle, données liées aux habitudes de vie et comportements.

Destinataires ou catégories de destinataires des données à caractère personnel

Dans le cadre de cette étude, les données seront mises à disposition du responsable de l’étude, ingénieur d’étude et statisticien à l’Université Claude Bernard Lyon 1, France. Cette mise à disposition est nécessaire à la réalisation des analyses statistiques menées par l’équipe en charge du l’étude.

Durée de conservation en base active des données à caractère personnel

Les données seront conservées dans les systèmes d’information sécurisés du responsable de traitement pendant 3,5 ans, de juin 2025 à décembre 2028. Par ailleurs, les données sont archivées à l’UMS11 dans le cadre de l’autorisation initiale de la cohorte Constances jusqu’en 2041.

Droits des personnes concernées et modalités d’exercice de ces droits

Les données nécessaires à cette étude sont traitées conformément au Règlement général relatif à la protection des données « RGPD » (Règlement (UE) 2016/679 du Parlement européen et du Conseil du 27 avril 2016) et à la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés. L’ensemble des droits et les moyens pour les exercer sont disponibles sur le site Internet de la cohorte : https://www.constances.fr/ « Espace Volontaires » « Droits et protection des données ». Il est également possible de s’adresser au responsable de traitement de cette étude, par l’intermédiaire de son/sa déléguée à la protection des données DPO (coordonnées indiquées ci-dessus).

Transferts de données envisagés vers un pays hors Union européenne (ou vers une organisation internationale) assurant un niveau de protection adéquat (ou des garanties appropriées)

Aucun transfert en dehors de l’Union européenne n’est prévu dans le cadre de cette étude.